Spectacle conçu et mis en scène par Gwenaël Morin d'après Shkespeare, avec Renaud Béchet, Virginie Colemyn, Julian Eggerickx, Barbara Jung, Grégoire Monsaingeon, Gwenaël Morin et Ulysse Pujo.

Ce "Hamlet d’après Hamlet" est une nouvelle mise en scène issue du Théâtre Permanent, mené par Gwénaël Morin et sa compagnie dans les Laboratoires d’Aubervilliers en 2009, qui se caractérise par des décors, costumes et effets réduits au plus simple, pour laisser toute leur place au travail et à l’énergie déployée par les acteurs.

Dans cette mise en scène, le collectif explore la "relativité du point de vue" et vient brouiller les repères habituels. En effet, le choix a été fait, à l’image du théâtre élisabéthain, que les spectateurs entourent la scène au lieu, comme dans le théâtre italien, de les placer face à celle-ci. Ils prennent ainsi part intégrante à l’action qui se déroule sur leur yeux et la scène devient, non plus un lieu de représentation, mais un lieu de passage (et finalement de vie) où les comédiens courent tour à tour du centre aux coins, devant, derrière ou parmi les spectateurs, les entrainant même parfois dans un pas de danse.

Dans cet espace ré-inventé, le rideau adopte un rôle tout à fait particulier, puisqu’il ne marque plus la délimitation entre la scène et les spectateurs. Gwénaël Morin a fait le choix d’en faire un artifice de jeu, qui s’ouvre et se ferme à loisir et dont les comédiens font bien peu de cas, le dépassant souvent pour aller prolonger l’espace disponible bien au-delà de celui-ci. La deuxième partie du spectacle s’improvise même hors scène, sur les lieux de l’entracte.

Ce parti-pris se justifie par le texte même d’Hamlet qui, comme souvent dans les pièces de Shakespeare, propose une mise en abime de la pièce de théâtre, sous-tendant par là-même que la vie ne serait qu’un grand théâtre dans lequel nous serions en perpétuel représentation.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Gwénaël Morin lui-même joue le double rôle de roi et de metteur en scène pendant le spectacle, ne pouvant plus diviser les rôles et attributions dans cette optique si particulière.

Ce brouillage des cartes et des repères habituels sied particulièrement bien au personnage d’Hamlet, qui nous emporte dans sa folie et son incohérence, mêlant manipulation et confusion. Le thème de la folie est d’ailleurs largement mis en avant et exploité via les personnages d’Hamlet (Renaud Béchet) mais également d’Ophélie (Virginie Colemyn) qui nous offrent tout deux des scènes exutoires très jouissives.

Les comédiens sont, comme constatés sur les pièces du Théâtre Permanent vues précédemment, excessivement bons et débordant d’énergie. Même si le spectacle est un peu long, et souvent déroutant, on est séduit par cette nouvelle vision d’Hamlet qui ne peut pas laisser indifférent.