Que le lecteur avisé me pardonne cette chronique : du genre métal, je ne connais rien. Qu'il ne s'imagine pas pour autant que je me suis rendue à ce concert sans intérêt : Apocalyptica, pour moi, c'étaient quatre métalleux remettant d'actualité le violoncelle, avec fort bon goût. Je ne connaissais pas les morceaux originels de Metallica, mais j'ai souvent écouté leurs reprises, admirant l'audace du concept réussi.
Nul doute que je ne pouvais manquer de voir Apocalyptica sur scène, même en n'ayant nulle connaissance de ce qu'ils avaient produit ces dernières années. Rien que pour voir des vikings virils assaillant leurs instruments de grands coups d'archet, je pouvais bien me glisser dans une mouvance musicale qui m'était étrangère.
L'avantage d'un concert métal est qu'il n'y a nul besoin de chauffer le public.
La première partie, Dagoba, est déjà acclamée à grands cris et bras tendus. Novice en la matière, je ne saurais décrire leur performance, ayant du mal à percevoir une quelconque musicalité dans ces chants gutturaux.
Je suis par contre fière d'avoir pu reconnaître dans le public quelques tentatives de Breaveheart, le "mur de la mort" où le chanteur Shawter s'improvise William Wallace à la tête de ses troupes.
J'ai également pu découvrir le "circle pit", ronde improvisée au milieu de la foule où les participants courent en rond sur un rythme endiablé. Plutôt impressionnant à voir du haut des balcons de l'Aéro !
Mais place au groupe que je suis vraiment venue voir, espérant un peu plus de musicalité après tant de boucan. Quatre scandinaves s'installent sur scène, leur belle de bois aux bras, et entament une introduction lancinante aux violoncelles et batterie. La présentation d'Apocalyptica donne le ton, montrant avant tout des musiciens amoureux de leurs instruments, prêts à en extraire tout le potentiel.
Qu'on mette de côté l'image d'un quatuor de musique de chambre, bien qu'on y reviendra plus tard. Apocalyptica est là pour jouer du métal, du vrai, et prouvera que leurs violoncelles n'introduisent aucun décalage dans le genre, bien au contraire. Leur dernier album, 7th Symphony, est mis à l'honneur en présentant des morceaux possédés, les instruments se transformant peu à peu en guitares électriques sous le rythme accéléré de la batterie.
"This is metal", nous prévient Eicca Toppinen, et le public n'en a aucun doute. Le chanteur de la tournée, Tipe Johnson, s'immisce de temps à autres sur le devant de la scène pour reprendre les morceaux vocaux de l'album ; les refrains de "The end of me" et "I'm not Jesus" sont scandés à travers la foule, nous prouvant que l'originalité des violoncelles peut se fondre à merveille dans n'importe quel morceau rock. La recette du dernier album est réussie, l'ajout d'une voix principale donnant une toute nouvelle dimension aux classiques du groupe.
Ces classiques que tout le monde attend, et qui font évidemment mouche : de "Master of Puppets" à "Seek and Destroy", les reprises de Metallica sont bien entendu celles qui sont le plus acclamées. Et que dire de "Nothing else Matters", inévitable, qui me fait même monter quelques larmes. Cet équilibre parfait dans l'unisson d'un ensemble de cordes dont les frictions font vibrer un public entier.
Je garde en dernière image du concert cette adaptation du si connu "Hall of the mountain king". De longs cheveux se mêlant aux cordes d'archet arrachées. Les sourires du public auront été la plus belle récompense du groupe, nous disent-ils dans leurs adieux. Assurément, le mien aura fait partie de ce "Merci" unanime. |