Avant, c'était ringard de chanter des choses belles. Aujourd'hui, ça s'appelle de l'Americana, pour peu qu'il y ait au moins une guitare acoustique dedans et qu'on le fasse dans la langue de Bob Dylan. Le genre doit aussi beaucoup à des formations (relativement confidentielles) comme Low, qui ont décomplexé tous les folkeux étatsuniens underground et les ont autorisés à nouveau à chanter à l'unisson (il faudra, mais c'est une autre histoire, attendre le post-rock canadien pour redonner ses lettres de noblesse au chant en canon).
Pour son troisième LP, Vandaveer (Mark Charles Heidinger) convoque Simon & Garfunkel, l'anglais Cat Stevens, Nick Drake et tout ce que l'Amérique a pu compter de moins agressif en guise de songwriters fameux. Le disque respire surtout la douceur et les arrangements subtils. C'est très au goût du jour d'une musique indie absolument non corrosive, obsédée de joliesse. C'est doux, patient, écrit, complexe, inventif, virtuose de subtilité. Au voisinage d'aussi renommés contemporains que Sufjan Stevens ou Fleet Foxes. Peut-être les plus impatients et les moins apaisés d'entre-nous resteront-ils quelque peu sur leur faim, mais l'album n'en reste pas moins une petite merveille d'aboutissement, à laquelle il ne faudrait pas demander de faire ce qu'elle n'a jamais prétendu vouloir faire.
Pour autant, le disque s'autorise à sortir des sentiers maintenant bien connus de la folk minimaliste qui avaient fait le succès des deux premiers albums (Grace & Speed en 2007 et Divide & Conquer en 2009), recrutant autour de Heidinguer et Rose Guérin (sa contrepartie vocale) un authentique orchestre pour habiller des compositions qui ont gagné en ampleur.
L'album sera, indubitablement, le coup de cœur de bien des plumes et pourrait apporter à son auteur une authentique reconnaissance publique internationale (comprendre : en France aussi). Mais cela ne devrait en toute logique pas l'empêcher de rester cool. |