Dans le cadre d'une politique de coopération scientifique soutenue entre les deux institutions, et en prolongement de l'exposition "L'épée - Usages, mythes et symboles au Moyen Age" présentée au Musée National du Moyen Age à Paris, le Musée National de la Renaissance, sis dans le Château d'Ecouen, propose d'en suivre l'évolution au cours du 16ème siècle.
A ce titre, Christine Duvauchelle, chargée d'études documentaires au Musée National de la Renaissance, a conçu une présentation temporaire d'une sélection de pièces provenant, nonobstant la collaboration du Musée de l'Armée et du Musée de Montmorency, essentiellement d'épées provenant de son fonds personnel provenant de la collection reçue de Edouard de Beaumont, et qui ont été, de surcroît, récemment restaurées.
Une monstration sous vitrine à l'esthétisme épuré dans la Salle des armes, la première salle qui accueille le visiteur, avec une présentation thématique similaire à celle retenue au Musée de Cluny, permet de mettre en évidence les deux innovations de la Renaissance.
A la Renaissance, l'épée devient rapière et accessoire de mode
Christine Duvauchelle
a structuré sa présentation en fonction du phénomène majeur constaté au 16ème siècle qui est celui de d'une novation fonctionnelle par rapport aux fonctions régaliennes et militaires de l'épée qui inscrit cette dernière dans la société civile.
En effet, les usages fondamentaux et devenus traditionnels de l'épée perdurent.
Le combat militaire, avec une spectaculaire et imposante épée à deux mains, l'estoc, arme d'appoint, et l'arme de base qu'est la lansquenette, mais également le duel, codifié à la fin du 15ème siècle.
Et, pour l'illustrer, la commissaire de l'exposition a choisi trois armes particulièrement intéressantes : des épées jumelles permettant le combat à deux mains, une dague main gauche et une dague à trident pour bloquer l'épée de l'adversaire.
De même pour la chasse avec une belle épée de chasse au sanglier et la chasse au cerf représenté dans un émail sur cuivre ("La chasse de Didon et Enée") et la justice.
Tout comme perdure la symbolique protéiforme de l'épée, en termes tant profanes de cérémonial et d'allégorie que religieux (avec le très beau vitrail
suisse "La Vierge de Douleur" montrant une déploration du Christ où le coeur de la Vierge est transpercé de sept épées correspondant aux sept chutes de la Passion).
Mais l'épée investit doublement la société civile.
D'une part, l'épée d'apparat, symbole d'une fonction, qui est toujours en vigueur.
L'exposition permet d'en apprécier quelques exemplaires notamment celle du roi Henri II, et de Anne de Montmorency, connaît son pendant "vulgarisé" avec le développement de l'épée de ville. D'autre part, avec la création d'une arme spécifique, la rapière.
L'épée devient un signe distinctif et ostentatoire de la qualité de gentilhomme et un objet de luxe, parfois somptuairement travaillé et décoré, qui constitue un élément du costume tel qu'il est représenté sur les portraits.
L'exposition en présente un bel éventail en miroir avec une sélection de rapières, arme nouvelle créée à la Renaissance pour la pratique de l'escrime qui devient un sport dont l la pratique est recommandée à un siècle humaniste.
Par ailleurs, insérée au sein des collections permanentes, une signalétique particulière autour de la symbolique de l'épée qui permet aux visiteurs d'agrémenter leur déambulation d'un parcours de visite spécifique et quasi-ludique. |