Texte dramatique de Noëlle Châtelet, adaptation et mise en scène de Gérald Chatelain, avec Catherine Retore et les marionnettistes Sylvain Blanchard et Natacha Stoyanova.
Pour "La dernière leçon", Gérald Chatelain a choisi d’adapter le texte éponyme de Noëlle Châtelet. L’auteure y raconte les derniers jours de sa mère, ancienne sage-femme de 92 ans qui, après avoir fait naître des êtres toute son existence, décide de mourir "debout" avant que la maladie ou la démence ne viennent. C’est la lettre d’une fille à sa mère qui dit tous les sentiments qui s’emparent d’elle à l’annonce de ce départ.
Catherine Rétoré illumine ce spectacle où seule en scène entourée de marionnettes et théâtre d’ombres, avec une maîtrise prodigieuse, elle porte le texte de Noëlle Châtelet comme un cri d’amour, bondissant et se roulant à terre sur l’immense plateau en pente.
Partageant avec sa mère des moments de grande complicité, son personnage doit s’habituer à devoir la perdre ; fous rire et peurs se mêlent. La comédienne fait passer avec subtilité toute la tendresse, la force et l’émotion de ce texte bouleversant.
Surgissant d’une trappe sur la scène, la mère (à l’allure d’une marionnette avec la voix émouvante de Sabine Haudepin), apparaît, virevoltante. A mesure qu’elle s’approche de la fin, sa silhouette semble glisser, comme en apesanteur. Et bientôt, se délestant de ses objets familiers, elle se prépare pour le voyage.
Au fond, une petite maison que l’orage strie d’un éclair de foudre puis le ciel se calme, deux silhouettes en ombres chinoises qui cheminent, la grande et la petite, sur le chemin de la vie. L’une qui aura appris à l’autre à la quitter comme elle lui a appris à la vivre. Et cette mère aimante, douce, s’amusant de tout qui, aussi lentement que la marche des nuages, s’en va à la date qu’elle s’est elle-même choisie.
Le travail de manipulation de Natacha Stoyanova et de Sylvain Blanchard, ainsi que les images de Jean-Pierre Lescot donnent une très jolie légèreté et une grande délicatesse à ce texte traité comme un conte philosophique.
Belle leçon et magnifique spectacle à la simplicité lumineuse et apaisante. |