L’été pointe son nez, et le sable de la plage risque d’être chaud. C’est en tout cas les prédictions des météorologues… Donc pour être au frais rien ne vaut l’ombre d’un olivier et un bouquin. Il est bon de se plonger le nez dans une biographie. Pour sa chaleur aventureuse. Celle d’un homme aux multiples visages, romancé à souhait par le cinéma. Casanova.
Les Editions Folio/biographies ont eu la bonne idée de confier à Maxime Rovère la tâche de nous offrir au fil des pages, Une vie.
Une existence qui défile en habit d’aventurier. Homme libertin (la racine du mot liberté transpire) Casanova n’a rien à voir avec ces pratiques actuelles qui courent avec violence dans l’ombre du politique. Ce n’est pas un trousseur. Mais un galant. Aventurier cosmopolite, agent secret, joueur, voir filou à ses heures. Mais en rien un homme sans caractère. Il aura fallu attendre plus d’un siècle et ses mémoires, "Histoire de ma vie", pour que Giacomo Casanova enfile avec élégance le mythe qui lui est dû.
Au fil des pages pourtant, l’image fellinienne nous colle à l’imaginaire. Peut-être parce que la silhouette fragile et féminine de Donald Sutherland nous revient en mémoire, rendant l’aventurier humain. Terriblement vulnérable. Présent. Questionnant le monde dans une valse sans fin avec une poupée qui dit non. Qui clot le film.
Casanova à la silhouette multiple des héros impossible à cerner. Et pourtant ! L’auteur a su nous offrir autre chose que la caricature de ses existences, avec l’intelligence du conteur, de celui qui sait offrir à la vie d’autrui la force des mots comme ossature romanesque. Il fait bon de lire ainsi l’aventure humaine au temps des Lumières.
Gicomo Casanova est ancré dans son siècle. Il en fait partie malgré ses déboires avec Voltaire. Peu importe que l’homme ne soit pas au diapason, les grands de "ce" Monde lui reconnaissent le don de la parole, et du conte, n’est-il pas en "cour" pour cela. Lui qui s’évada des "plombs de Venise" et sut enjoliver plus de mille fois son exploit.
Casanova le vénitien reste et demeure, au fil des pages, un épicurien, un amoureux de la vie, mais pas un prédateur. Il jouit de ses performances comme d’autres supportent leurs médiocrités. Il est contemporain de notre monde.
Casanova est homme de projets dans une société qui sent le souffre. Il est le miroir d’une société finissante et pourtant il reste l’avenir. A travers la biographie écrite par Maxime Rovere nous sommes en présence d’un itinérant qui, de par sa vie, rappelle l’errance romantique du siècle en devenir.
Lire "Casanova" donnera, j’en suis sûr un coup de fouet à la vigueur à nos petites cellules grises. Balayer d’un revers de mots les idées d’un monde sclérosé ou les interdits et la fausse bienséance deviennent la règle de vie… |