Travaux de la classe de Dominique Valadiéavec Manon Combes, François Deblock, Victoire Du Bois, Marilyne Fontaine, Yordan Goldwaser, Delphine Hecquet,
Pauline Huruguen, Gaël Kamilindi, Sofian Khammes, Benjamin Lavernhe, Barthélémy Meridjen,
Fanny Santer et Tamaïti Torlasco.
Dans le cadre des Journées de juin 2011, la représentation publique des travaux d'une fraction de la promotion sortante du CNSAD qui étudie dans la classe d'interprétation de Dominique Valadié, grande comédienne et professeur d'interprétation au CNSAD depuis plusieurs décennies, commence par une intégrale, celle de la pièce "Chaise" de Edward Bond dirigée par Alain Françon.
Il monte cette tragédie de format court - dans une société du futur sous régime totalitaire qui proscrit l'humanisme, reposant sur un bureaucratisme policier et la répression militaire, une femme rompt la réclusion précaire qu'elle vit avec un jeune homme déficient mental, bébé trouvé abandonné qu'elle a illégalement recueilli, en apportant une chaise au militaire qui stationne à un arrêt de bus avec une prisonnière menottée - de manière très minimaliste et en rompant avec l'absurde et la distanciation pour s'attacher à l'humanité des personnages.
Ce qui permet notamment, à partir de cette même trame dramaturgique, d'apprécier les déclinaisons imperceptiblement différentes de chacune des comédiennes qui interprètent successivement le même rôle (Pauline Huruguen, Fanny Santer, Delphine Hecquet, Tamaïti Torlasco, Manon Combes et Victoire Du Bois).
Dominique Valadié reprend ensuite la main avec des scènes du répertoire classique français avec Molière, un extrait de "Tartuffe", la scène de l'imposteur confondu, et de "Le malade imaginaire", celle de la méprise lors de l'annonce du mariage décidé par Argan pour sa fille, une incursion dans le théâtre du 19ème siècle avec "Hedda Gabler" de Henrik Ibsen et "Platonov" de Anton Tchekhov et le théâtre contemporain représenté par deux dramaturges autrichiens décapants Werner Schwab, avec la première scène de "Les Présidentes" et "Match" un dramuscule de Thomas Bernard.
Ce qui est tout à fait étonnant tient au fait que toutes ces partitions sont montées de manière identique, avec un rythme languissant et mou et une interprétation apathique, et au mimétisme vocal des jeunes comédiens qui adoptent la scansion atypique de Dominique Valadié caractérisé par un débit lent et atone.
Ce qui ne manque pas de surprendre par exemple avec la scène du malade dans laquelle ce dernier totalement apathique est manipulé comme un nourrisson à qui il ne manque que la couche culotte, la coquine Toinette a perdu sa verve légendaire, la fille pousse la chansonnette lénifiante pendant que l'épouse du malade s'embrasse "à bouche que veux-tu" avec le notaire. Le contrepied est tout aussi flagrant avec les textes des auteurs autrichiens.
S'il reste encoure bien du chemin à parcourir aux élèves de 1ère et de 2ème année pour jouer Tchekhov, la promotion sortante, relativement homogène, est, dansles circonstances de l'espèce, plus convaincante.
Se démarquent néanmoins Manon Combes et Fanny Santer, déjà par leur physique qui s'écarte du standard de leurs camarades féminines - même visage carré, même frange marquée, même présence du corps - et par leur intensité de jeu. |