Comédie de Marion Aubert, mise en scène de Marion Guerrero, avec Marion Aubert, Thomas Blanchard, Elizabeth Mazev, Adama Diop, Capucine Ducastelle, Olivier Martin-Salvan, Sabine Moindrot et Dominique Parent.
Il y a eu les Bidochon, les Beaufs, les Deschiens, les Bidochon, les Cadouin, voici les Chonchons sétois de Marion Aubert, comédienne-auteure et membre du comité de lecture du Théâtre du Rond-Point, qui sévit depuis sa sortie, en 1997, du Conservatoire National de Région de Montpellier, principalement au sein de la Compagnie tire pas la langue qu'elle a fondée avec deux de ses homologues, la comédienne Capucine Ducastelle et une deuxième Marion, Marion Guerrero, préposée à la mise en scène.
Et les Chonchons, terminologie empruntée au "Livre des êtres imaginaires" de José Luis Borges et petit nom des cobayes et hamsters, sont les anti-héros de "Orgueil, poursuite et décapitation", pièces en tableaux qui applique, certes à sa manière, les axiomes dramaturgiques classiques qu'elle énonce au demeurant dans sa partition : "des portes qui claquent, des assiettes qui volent, c'est un bon début" et "de l’amour et de l’action, voilà les ingrédients d’une bonne pièce de théâtre".
Les Chonchons, humains dépourvus de libre arbitre, affranchis de leurs inhibitions et ignorants des bonnes manières, laissent libre cours à leurs pulsions dévastatrices et vivent un psychodrame permanent.
Ils constituent le matériel de laboratoire et le véhicule par lequel Marion Aubert revisite, entre autres, les thématiques récurrentes du théâtre contemporain que sont les relations de pouvoir, principalement entre hommes et femmes et les pathologies familiales. Sur ce point, cette comédie hystérique et familiale, ainsi que la qualifie son auteure, n'est pas sans évoquer la tragi-comédie burlesque écrite et mise en scène par l'argentin Claudio Tolcachir, "Le cas de la famille Coleman", présentée d'ailleurs en début de saison sur cette même scène du Théâtre du Rond-Point.
Marion Aubert y caricature violemment ces victimes-bourreaux du quotidien en personnages monstrueux qui se vautrent dans le non politiquement correct avec force injures et obscénités. Bien sûr, c'est du théâtre et toute ressemblance avec des personnes réelles ne serait que pure coïncidence. Et elle y instille égale une mise en abyme en interprétant elle-même son (propre ?) rôle, le personnage de l'auteur qu'elle y a inséré, un auteur aux prises parfois avec ses personnages.
Cela commence très fort et le fond du propos est donc vite atteint et même si la mise en scène histrionnante de Marion Guerrero joue sur le vif enchaînement des différents tableaux pour limiter la retombée du soufflé.
Ce dernier, qui est monté très haut dans les premières minutes, avec le monologue profératoire de l'excellente Elisabeth Mazev dans le rôle de la belle-mère ignoble, connaît toutefois, sur la durée qui dépasse 1h30, un certain essoufflement malgré l'énergie pseudo-cathartique sans faille d'une brochette de comédiens au taquet aux compositions mémorables
(Thomas Blanchard, Adama Diop, Capucine Ducastelle, Olivier Martin-Salvan, Sabine Moindrot et Dominique Parent) qui voltigent sur scène dans l'incessant ballet de panneaux double-face manipulés à vue du décor mobile à l'esthétique des seventies cheap conçu par Nicolas Hénault.
Une chose est certaine : le rire est défoulatoire et il ne peut y avoir de demi mesure. On déteste ou on adore. |