Elle est allemande, elle est inconnue. Pardon, elle était inconnue, mais aujourd’hui son premier roman explose. En poche aujourd’hui, il se retrouve sur le haut des piles en librairie affublé de ce sésame qu’est "Le prix des lecteurs 2011", petite étiquette qui comble les clients perdus parmi l’overdose de livres qui ornent les tables des libraires.
Et pour cause ; voilà un fabuleux "roman domestique" (expression revenue à la mode pour l’occasion !) qui nous trompe dès le départ pour mieux nous embarquer au rythme des senteurs et des paysages de la campagne allemande.
À la mort de sa grand-mère, Iris, unique petite fille de la famille, hérite, au grand étonnement de sa mère et de ses deux tantes, de la maison familiale à Bootshaven dans le nord de l’Allemagne. Elle est bibliothécaire à Fribourg mais décide d’y séjourner quelques jours alors même qu’elle n’envisage probablement pas de conserver cette demeure et son jardin, témoins silencieux de son enfance.
Les souvenirs vont l’assaillir peu à peu ; l’odeur des pommes si chères à sa grand-mère, les senteurs enivrantes de ce jardin presque à l’abandon, les vieilles robes de bal dans leurs armoires poussiéreuses et les plongées nocturnes dans le lac bordant la maison.
Trois générations de femmes vont s’y succéder, chacune atypique, chacune avec son lot de tristesse, d’amertume mais aussi d’innocence, de premiers émois et de jeux enfantins.
Katharina Hagena est obsédée par la mémoire et l’oubli. Elle les lie ici de manière subtile : de la maladie d’Alzheimer aux souvenirs que l’on omet volontairement et qui nous accommodent tant que toute une famille pourrait s’y réfugier pour survivre… |