Elle fut une découverte du Printemps de Bourges en 2006, une éternité à notre époque. Mais elle n’est pas tombée dans l’oubli. Pour cela, elle a roulé son minois dans moults festivals et tremplins de la chanson, ceux qui se passent devant des vrais gens, pas de paillettes télévisuelles formatées. Elle est restée elle-même, a certainement mûri, et conclut ce parcours par un album Le Régal, et franchement, c’est un régal.
Son petit nom est Lisa, rien à voir avec la famille américaine jaune du dessin animé de la TNT. Lisa Portelli, une guitare, de la pop à la française, et tout va bien. Elle fait penser au soleil, aux premières fleurs du printemps, aux jupes à carreaux et au vent dans les cheveux. De ses débuts à la guitare chez l’école de musique de son quartier à 10 ans, au bac Musique, au conservatoire classique, à la découverte de la guitare électrique, à la chansonnette, elle est passée de petite graine à grand arbre tout plein de feuilles, riche des qualités de ses rencontres.
Et elle cumule tout ça dans cet album à la fois rigoureux et juste. Sous des airs d’ange en pyjama, elle cache une combinaison latex pas très confortable, mais lui donnant un air sexy et chic. Elle ne crie jamais, mais on sent quelque chose qui bouillonne là-dessous. Le rythme s’installe aux premières notes, reste jusqu’à la fin, les mélodies rentrent, les textes tiennent la route, sa voix ne bouge pas d’un poil. Ma sauvagerie en a prix un coup, je l’ai adoptée sans concession, à la mimer devant la glace, avec brosse à cheveux et brushing dans le vent, j’étais ridicule, mais j’ai adoré.
Parce que j’aurai pu dire ce qu’elle chante : le moment où on se rend compte que nous avons entassé nos rêves dans des malles, pendant que le temps passe plus vite que prévu ("Les chiens dorment"). Mais elle sait ne pas être déprimante, au contraire, ce titre dit aussi qu’il n’est jamais trop tard, puisque la lune est toujours au même endroit.
Elle sait aussi être amoureuse dans "Le régal", aucune importance d’être insomniaque si c’est pour sa peau, le regarder dormir à n’en plus finir, percer cette étrange lueur qui habite son visage dans le noir… Idem dans "Le tableau" de son homme à moitié nu sous ses couvertures. Et parle d’avenir, de futur, d’espoir, de bonté, de mensonge, de défauts, Lisa Portelli met des mots sur des sentiments, des états d’âmes et des émotions du quotidien, ce que nous ne savons pas toujours faire.
Elle sait être douce, aimante, sans être une cocotte poudrée, car elle y ajoute sa touche féline, une patte de velours qui cache de minuscules griffes rétractables, acérées comme du venin, dont elle use peu, mais avec précision. Un régal. |