Décidément, il se passe toujours quelque chose pour les cinéphiles à la Maison de la Culture du Japon. Après avoir consacré un cycle aux
films de fantômes japonais, la MCJP rend hommage à l’ATG, "Art Theatre Guild of Japan", structure très particulière, qui, depuis sa naissance en 1961, a fait beaucoup pour diffuser un cinéma japonais qu’on appellera par analogie à ses homologues européens, d’art et essai.
C’est à l’initiative de petits producteurs, de critiques de cinéma et de cinéphiles que l’ATG naît en 1961. Au départ, en partenariat avec la Toho, qui lui concède une dizaine de salles indépendantes, son action principale est de distribuer au Japon les films des nouvelles vagues françaises et polonaises, les œuvres des indépendants américains et du cinéma novo brésilien.
Peu à peu, parallèlement, elle va donc aussi s’intéresser à la distribution des films arts et essai japonais, puis participer à la production d’oeuvres exigeantes, pas forcément adaptées au système des grands studios. Sans l’ATG, les plus renommés des cinéastes japonais n’auraient pas connu les carrières internationales qu’on leur connaît.
Dans la rétrospective qui se déroulera jusqu’au 23 juillet 2011, on pourra ainsi voir ou revoir des films marquants des années 1960-1970 d’Oshima, Terayama, Imamura, Teshigara, Matsumoto, Shindo, Yoshida et autres irréductibles d’un cinéma exigeant, moderne et hors norme.
En quelques semaines, on pourra "enquiller" les chefs d’oeuvre du cinéma nippon : seront, par exemple projetées les œuvres célèbres d’Oshima comme "La pendaison", "La cérémonie" ou "Le Journal d’un voleur de Shinjiku". On pourra aussi voir les films les plus célèbres de Terayama ("Cache-cache pastorale", "Jetons les livres et sortons dans la rue"), de K. Yoshida ("Eros+Massacre", "Coup d’État").
Les curieux pourront également découvrir un des seuls cas de films nippons tournés par un non-Japonais : "Keiko" (1978) de Claude Gagnon. Les lecteurs de Mishima pourront aussi redécouvrir son court métrage "Patriotisme - Rites d’amour et de mort" tourné en 1966, qui préfigurait de manière prémonitoire son spectaculaire suicide qui aura lieu en 1970.
Beaucoup de choses alléchantes, de surcroît proposées gratuitement, et un événement hors les murs de la MCJP, le 8 juin 2011 à 20 heures à la Fémis, 8 rue Francoeur, 18e : la projection, en la présence de son réalisateur Toshio Matsumoto de "Les funérailles des roses". Le lendemain, au même endroit, de 10 heures à 13 heures, le cinéaste présentera ses courts métrages expérimentaux et tiendra une "master class", tout cela aussi en entrée libre.
On ne pourra qu’inciter les curieux à aller à la rencontre d’ une des personnalités les extraordinaires du cinéma japonais et l’un de ses créateurs cinématographiques les plus singuliers depuis presque un demi-siècle. |