Il y a un quart de siècle, Duran Duran dominait le monde. Le groupe passait en tête d'affiche sur la scène du Live Aid, programmé après Led Zep par exemple. Ils écrivaient la chanson générique de Dangereusement Vôtre, un James Bond avec Roger Moore (ça ne nous rajeunit pas). Le visage de Simon Le Bon, le chanteur, s'étalait sur des posters récupérés dans OK Podium sur tous les murs roses de chambres des jeunes filles coiffées à la lionne qui portaient des t-shirt fluos.
Après l'album Notorious en 1986, le groupe s'est fait plus discret. D'échecs commerciaux en séparations et reformations, ils réapparaissent de temps en temps, mais sans que cela ne provoque de séisme planétaire. Au mieux les albums Medazzaland en 1997 ou Astronaut en 2004 ont-ils provoqué une indifférence polie.
Alors que les 007 se sont multipliés depuis A view to a kill, pour continuer de sauver un monde qui n'a pas besoin de supers vilains pour courir à sa perte, dans le petit univers des Duran Duran tout semble resté en l'état, comme sous une bulle.
Tout d'abord, All you need is now ravira les fans de la grande époque. On peut même affirmer que c'est une bonne livraison dans la discographie du groupe. La voix de Simon le Bon se reconnaît tout de suite. Le single produit par Mark Ronson (producteur d'Amy Winehouse, Lily Allen, Kaiser Chiefs...) "All you need is now", en chanson d'ouverture de l'album, ou "Being followed" ont tout à fait leur place sur un best of du groupe grâce aux rythmiques efficaces de John Taylor et Roger Taylor. Les claviers de Nick Rhodes restent présents, sans cependant occuper tout l'espace comme jadis. "Leave a light on" est un slow réussi destiné à emballer dans les boums d'étudiants sur le retour.
A contrario, "Safe" ou "The man who sold a leopard" sentent le remplissage. Pas l'arnaque, simplement un petit passage en creux, le manque d'inspiration.
Sur plusieurs morceaux, le groupe est soutenu par la voix d'une chanteuse, dont on peut imaginer qu'elle occupera parfois le devant de la scène pendant les concerts, permettant ainsi à Simon Le Bon de s'économiser avant de balancer la pléthore de tubes écrits par le groupe dans la seconde partie du show.
Avec All you need is now, Duran Duran creuse le même sillon que dans les années 80, sans surprise, mais revient à une formule qui lui a bien réussi dans le passé. Finalement, l'absence de jeunisme dont ils font preuve leur convient bien. Ils assument leur âge, et s'adressent à un public déjà conquis. Cependant, malgré un album réussi, ils peineront certainement à s'attirer de nouveaux fans. |