Le LAAC, Lieu d’Art et Action Contemporaine, à Dunkerque accueille sur un an, une année fétiche, 68. L’art  dans sa révolte pour mieux comprendre un mouvement international qui n’en finit pas de poser des questions, Les questions.

Parce que nous le valons bien !

Contrairement aux dires du Monarque Nicolas, 68 reste dans le vécu et dans les mémoires. La raison en est simple et subliminale. Il suffit d’inverser adroitement ce nombre maléfique pour arriver à l’espoir d’un retournement définitif 68/89.

"Les années 68", a grande exposition que le Lieu d’Art et Action Contemporaine (LAAC) de Dunkerque, consacre à l’année 68 est révélatrice de ce manque historique. Celui des repères qui va bien au-delà du cérémonial. 68 est un tout, une conjoncture astrale unique. Le monde générationnel se croyait alors éternel.

Étrangement, aujourd’hui, alors qu’ils ont pris de la bouteille - moi le premier - les chevelus d'alors ont pour la plupart un crâne d’obus, certains patrons d’aujourd’hui se sont voulu ouvriers, des ouvriers ont cru à l’éducation pour tous... Que dire des femmes qui hurlèrent la colère de leurs corps, des étudiants aux phalanstères, et des rockers qui aimaient les fleurs... ?

Un rendez-vous impossible, disait-on alors. Un rendez-vous avec ce monde qui attendait que le renouveau change le temps qui passe… Il y a des années lumières, on hurlait qu’il fallait faire table rase du passé au rythme des Doors… Tout a une fin…. Enfin, presque. Puisque qu’aujourd’hui 68 hante encore l’impossible révolution.

L’exposition artistique que l’on peut voir jusqu’en 2012 n’a rien de nostalgique. Nous ne sommes plus en 68 mais bien en 89. L’art est partout, pour nous rappeler l’interrogation des "Lumières". Ce moment où la conjoncture est unique. Les arts se retrouvent aussi bien dans la rue qu’au musée, dans les salles de cinéma, sur les murs d’usines ou dans les universités. La musique s’échappe des 33 tours pour offrir des concerts monstrueux. "Jurassic Rock" est né.

Le Vivant est enfin dans le corps des artistes et pas seulement en représentation. L’espace gagne dans la vie de soi. L’architecture, tout comme le design, devient source d’innovation. Rien n’est impossible, rien n’est sclérosé.

L’exposition nous ouvre les portes d’un temps qu’il est difficile d’imaginer aujourd’hui, tant le refoulement historique est grand. Il reste à voir, et imaginer. Pour cela, les espaces du LACC nous offrent un an de méditation. Une année d’exposition, pas moins. Une année transversale aux multiples regards regroupant les utopies figées dans l’art. Photographies, affiches, journaux (la Free Press reste à inventer), pochettes de disques, musique naturellement, le psychédélisme, le mobilier, objet usuel… Tout un monde.

Le tout en trois actes.

Du 9 avril au 18 septembre, ouverture sur l’engagement artistique dans le combat politique. Le second acte, du 27 septembre 2011 au 6 janvier 2012, s’orientera plus spécifiquement vers les mouvements de la Beat Génération et l’art psychédélique. Le dernier acte mènera du 15  janvier 2012 au 9 avril 2012, à la découverte de l’esthétique pop.

Un an pour croire que tout cela n’était pas que du vent, comme voudraient encore nous le faire croire trop de monarques. A vous, public, de retrouver, si vous le désirez, des racines qui ne demandent qu’à germer.