Seule en scène écrit et interprété par Isabelle Alonso dans une mise en espace de Caroline Loeb.

Romancière, militante féministe, chroniqueuse affûtée et médiatisée notamment par sa participation aux Grosses têtes radiophoniques de Philippe Bouvard puis aux émissions télévisées animées par Laurent Ruquier, Isabelle Alonso a déjà tâté de la scène au début des années 2000 en jouant dans une comédie de ce dernier.

Elle y revient en 2011, avec la complicité artistique de Caroline Loeb, pour un seul en scène de sa plume, "Et encore… je m’retiens ! ", qui puise, entre autres, dans son essai éponyme sur la misogynie ambiante paru en 1999, mais toujours d'actualité, et qui s'inscrit dans la ligne de la devise de l'Association Les Chiennes de garde dont elle est une des co-fondatrices : "décrypter, dénoncer, résister".

Si elle est désormais connue, et reconnue, pour ne pas avoir sa langue dans sa poche et ne pas mâcher ses mots, elle ne verse, nonobstant la présence sur scène d'un pupitre, ni dans la harangue du tribun, ni dans la virulence militante de la polémique partisane mais dans la démonstration, illustrée par l'exemple, du sexisme d'autant plus pernicieux qu'il est ambiant.

Elle propose donc un spectacle éclairé et plaisant qui mise davantage sur l’impertinence et l’insolence, l’humour et l’esprit, évoquant dans ce registre la finesse de l’humoriste et chansonnière Anne-Marie Carrière qui épinglait vertement la gente masculine dans les années 60.

Ce qui, bien au contraire ressortissant à la sagacité et l'habileté du stratège, ne l’empêche pas de viser droit au but avec le sens de la formule et de faire mouche de manière tout aussi décapante avec un sourire désarmant et l’oeil pétillant d’intelligence malicieuse. Les sujets banalement prosaïques (tel l'épilation du maillot) comme les principes fondamentaux (ainsi la parité) sont abordés sur le même plan car les points souvent qualifiés de mineurs sont souvent révélateurs de la stigmatisaton et de l'instrumentalisation.

L'accent est donc mis sur la bonne humeur, néanmoins lucide, l'esprit, toujours aux aguets, et le rire, pour ne pas sombrer dans une radicalisation paralysante ou mauvaise conseillère.

Et avec une belle empathie, Isabelle Alonso divertit en dénonçant et apellant à la vigilence active avec le syndrome de la strouchmpfette, la voix de la minorité majoritaire, la branlette écolo, la guerre des ventres, le Monsieur Propre de la foufoune, l’implant tirlicoté en forme de col claudine pour prépuce dépressif et l'hymne à la maternité qui ne doit plus être considérée comme un moyen d'oppression mais de lutte.