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Interview  (Paris)  jeudi 7 avril 2011

Leur album est sorti depuis quelques mois, mais Gil et Nicolas ont accepté de venir nous parler de cet objet, à la fois album pop et manifeste contre la mesure à quatre temps, qui après quelques écoutes s'accroche bien à l'oreille, et vers lequel on revient régulièrement.

Rencontre avec deux musiciens, à la tête bien faite et bien pleine, qui pratiquent une musique intellectualisée mais restent toujours un peu farceurs.

Austerlitz, vous êtes plutôt branchés Paul Auster ou Franz Liszt ?

Nicolas et Gil : (ensemble) Franz Liszt.

Nicolas : J'aime bien Paul Auster aussi.

Gil : Pour moi, Franz Liszt. Je suis même plus Franz Liszt que Frédéric Chopin.

Nicolas : En même temps, on s'appelle pas Austerchopin. (rires)

En fait d'où vient ce nom ?

Nicolas : Hé bien, justement de là. J'étais fan d'Auster, et Gil adorait Lizst. (rires)

Gil :  On voulait un nom qui ait un rapport avec la France et qui passe à l'international. Mais on ne voulait pas d'un mot qui exprime le folklore français, ni d'un mot français rentré dans la langue anglaise, avec un "The" devant. Nous nous sommes donc retrouvé avec un choix réduit, nous nous sommes alors tourné vers les noms propres. Austerlitz a été une victoire française, c'était donc parfait.

Question à la Bourdin : Où se situe Austerlitz ? Et à quelle date a eu lieu la bataille d'Austerlitz ?

Gil : La bataille a débuté le 2 décembre 1805, et ça se situe en République Tchèque. Mais en cherchant, on a trouvé des Austerlitz dans d'autres pays.

Nicolas : Oui, il y en a un près de New-York, et un autre en Hollande. Pour celui qui se situe aux États-Unis, ça doit être une communauté débarquée d'Austerlitz qui a donné son nom à l'endroit.

Gil : Oui, ils donnaient souvent le nom de la ville dont ils étaient originaires au lieu où ils s'installaient. J'aime bien ce principe.

Nicolas : Par exemple, Harlem tire son nom à l'origine d'une ville hollandaise, qui a d'ailleurs une architecture assez agréable.

Pour revenir à la musique, le son de votre album, du moins au début, renvoie vers des groupes prog rock. Est-ce plutôt dû à la production ou aux compositions ?

Gil : Ce n'était pas voulu...

Nicolas : ... mais ce n'est certainement pas un hasard non plus. Nous avons écouté des groupes de cette mouvance, et joué aussi cette musique. Même si nous ne sommes pas des grands fans de prog, il y a, à mon avis, un groupe qui sort du lot, Genesis.

Gil : Et Zappa, aussi.

Nicolas : Oui, plus dans le jazz rock. Le rock progressif nous a donc en effet influencé, mais comme d'autres styles musicaux.

Gil : Avant tout, nous essayons de faire des chansons, de conserver le format couplet/refrain, même si nous jouons sur les métriques et que nous essayons de dynamiter les structures harmoniques pour ne pas toujours rester dans les éternels Do-Sol-La-Fa. Le but est de faire simple. Nous essayons de faire quelque chose de différent tout en conservant un format pop. En tant que compositeur, je veux trouver ce que j'aime avant tout dans une chanson, c'est-à-dire un air simple et facile à retenir. Le processus de composition, en amont, en travaillant sur l'asymétrie, ne doit pas apparaître. Les chansons doivent rester naturelles et faciles à appréhender. On ne cherche pas à passer pour des intellos, on veut simplement faire de bonnes chansons dans un cadre qu'on s'est imposé.

Lors de la bataille d'Austerlitz, un gradé s'appelait Murat, c'est une source d'inspiration ? Et sinon, qu'écoutez-vous, et comment cela influence-t-il votre écriture ?

Gil : Concernant la première question, non. Murat, nous l'avons dégradé (rires).

Nicolas : J'ai un ami qui dit qu'on se définit plus par ce qu'on n'aime pas que par ce qu'on aime. Je pourrais donc évoquer tous les groupes que je n'aime pas, mais je préfère te citer Radiohead et Soundgarden comme exemples dans la mesure où leurs métriques sont très travaillées.

Gil : Quand tu cherches bien, beaucoup de groupes ou chanteurs se sont essayés, à un moment de leur carrière, à composer de la musique asymétrique. Peter Gabriel ou Sting en ont fait, mais on en trouve surtout dans les musiques folkloriques d'Europe de l'Est.

Nicolas : Au bal du samedi soir, ça guinche sur du 7-6, sur du 9-4. Même dans la musique folklorique alsacienne, on en trouve.

Gil : Nicolas et moi avons été formés à la musique classique. C'est un style que nous utilisons pour les harmonies. J'ai étudié le jazz au chant, c'est donc aussi une source d'inspiration. Et pour les arrangements, nos influences proviennent essentiellement du rock. Ce sont plus des styles qui nous influencent que tel ou tel artiste.

N'est-il pas antinomique, en composant de la musique asymétrique, d'intituler un des titres de l'album Stay in line ?

Gil : Ce n'est pas le sujet  de la chanson. En fait, on est parti de la musique, j'ai ensuite effectué le montage en utilisant des cuts électro. Quant au texte, il est construit à partir de noms de stations de métro de Paris, Londres et New-York parce que c'était...

Nicolas : ... révélateur.

Gil : Oui, c'est ça. En regardant des plans de métro, que j'ai collés sur mon frigo, je m'étais fait la réflexion qu'il y avait des constantes psychologiques dans la manière dont les différents peuples choisissent les noms des stations de leur métro.

Nicolas : Ça reflète l'esprit des peuples. Par exemple, en France, nous avons Nation, République, de grands concepts liés à à la politique ainsi que des généraux d'Empire. En Angleterre, les noms sont plus proches de la nature, les parcs par exemple. Et aux États-Unis, ce sont des chiffres.

Gil : Ça peut paraître cliché, mais ça s'appuie néanmoins sur une certaine réalité.

Justement, le groupe vous a-t-il déjà permis de voyager ?

Nicolas : On a seulement effectué une mini-tournée à Londres l'été dernier. Jusqu'à présent nous avons essentiellement donné des concerts en France, mais notre envie de jouer à l'étranger est forte.

Sur "Rotten Ears", pourquoi avoir bippé certaines paroles ? En France, la dernière fois que j'ai entendu ça sur disque, c'était sur "Égal Zéro" de Rodolphe Burger, chanson dans laquelle il citait des hommes et femmes politiques, et encore uniquement sur la version radio.

Gil : C'était pour stimuler un acouphène, je crois.

Nicolas : Il faut d'abord expliquer que c'est une anti-chanson d'amour, c'est-à-dire que ce sont des insultes destinées à des personnes qui ont les oreilles pourries, des personnes qui, par exemple, ont le même métier que toi. (rires)

Gil : (faussement désolé) Mais qu'est-ce qu'on va faire de lui ?

Nicolas : C'était une blague. Ça s'adresse bien néanmoins à des gens qui ont le pouvoir de faire ou défaire une carrière dans le milieu de la musique. Des gens qui ont le pouvoir, médiatique et financier, de faire émerger certains artistes, qui vont décider de ce que la masse doit écouter. C'était une chanson de mauvaise humeur destinée à ce public-là. D'où les insultes. D'où les bips. Et l'acouphène pour illustrer le blocage psychologique et intellectuel.

Gil : C'était aussi pour rappeler les chansons un peu punk ou rap, sur MTV par exemple, dans lesquelles tous les F-words se retrouvent censurés à l'antenne.

En parlant de diffusion, pour un groupe comme vous, vous êtes obligés soit d'avoir un travail alimentaire à côté, soit de trouver assez de dates déclarées pour décrocher votre intermittence. Alors comment, dans votre situation, draguer les radios ?

Nicolas : En effet, on ne peut pas vivre de notre musique actuellement. J'ai un boulot à côté. Quant à savoir comment se faire programmer, on n'a pas la recette.

Gil : Sur les radios musicales, ce sont surtout les labels qui paient pour que les artistes soient diffusés.

Nicolas : C'est pour cela qu'on essaie de créer un bouche-à-oreille en attaquant le net. Si on parvient à faire buzzer le truc, on aura alors un peu de poids et de légitimité auprès des programmateurs. On a eu quelques passages en sollicitant des programmateurs de radio en région par l'intermédiaire d'amis. Pour la diffusion de la vidéo, on a contacté la chaîne de télé Nolife.

Alors que vous souhaiter pour l'avenir ?

Gil : (rires) La santé. C'est bien la santé. Ça permet d'avoir du temps pour se consacrer à ce qu'on a envie de faire dans la vie.

Nicolas : C'est-à-dire, dans notre cas, continuer à faire de la musique.

Retrouvez Austerlitz
en Froggy's Session
pour 3 titres en cliquant ici !
  

 

 

 

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Le Myspace de Austerlitz

Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
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