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Interview  (Paris)  mercredi 11 mai 2011

Holden est un groupe qui vit à un autre rythme que vous ou que moi. Un groupe qui laisse le temps au temps, et dont les projets mûrissent doucement. Leurs mélodies sont ciselées, les paroles abouties, la production travaillée.

Après quatre albums en treize années, la participation au projet Imbécile pour la chanteuse Armelle Pioline, de la production pour d'autres groupes pour le guitariste Mocke, Holden sort aujourd'hui "un disque d'inédits, accompagné de son double officiel... une sélection des morceaux les plus emblématiques du groupe", tel que leur site présente leur compilation L'essentiel. Rendez-vous a été pris pour se retrouver chez Armelle, en une étouffante journée de printemps, à l'heure de l'apéro. C'est autour d'un bon verre de blanc - Armelle et Mocke aiment le chablis et les vins du Jura - qu'on évoquera avec eux ce nouveau disque, le Chili et leurs projets parallèles en cours.

Vous présentez votre nouvel album, L'essentiel, comme une compilation d'inédits, avec un cd bonus de morceaux choisis qui ressemble à un "best of". Pourquoi pas l'inverse ?

Mocke : Ou l'inverse, c'est pareil. Ce n'est pas exactement un nouvel album. L'idée de base était de sortir les inédits, des morceaux dont on se demandait pourquoi ils n'étaient pas sur les albums. Entre deux disques, nous en avons profité pour monter un petit label afin de sortir ces morceaux qui nous tenaient à coeur. Dans le même temps, nous nous sommes rendus compte que notre premier album était devenu introuvable, ainsi que le second. C'est comme cela que nous est venue cette idée de sortir une sorte d'anthologie des titres déjà parus. Nous nous sommes juste amusés à le faire.

Est-ce aussi la raison pour laquelle lors de votre dernière série de concerts parisiens, au Zèbre de Belleville, vous vous êtes concentrés sur ces morceaux ?

Armelle : Complètement. Nous voulions ressortir ces morceaux, dont certains sont très anciens. Ce sont des morceaux que nous n'avions que très peu, voire jamais joués. En tout cas, pas depuis très longtemps. On s'est dit qu'on allait faire quelques dates pour la sortie mais que, sur ce peu de dates, il fallait que nous prenions plaisir à jouer ces morceaux que nous n'avions presque jamais interprétés. Voilà pourquoi on a un peu zappé les tubes, si on peut parler de tubes en ce qui concerne Holden. On s'est davantage penché sur ce répertoire rétrospectif. Quoiqu'il en soit ce nouveau disque L'essentiel est, pour nous, synonyme de plaisir. C'est une sorte de fin de cycle. Ça fait plus de dix ans qu'on existe, et on a quitté notre maison de disques. Avec cet objet, la boucle est bouclée. De plus, nous trouvons que L'essentiel est un bel objet. Il est destiné avant tout à notre frange de fans un peu "hardcore", peu nombreuse mais qui existe bel et bien, en France et ailleurs.

Vous sortez ce disque sur votre propre label. Pour quelle raison ?

Mocke : Nous nous sommes dit que nous n'allions pas chercher une nouvelle maison de disques pour sortir des inédits. Autant le faire nous-mêmes. Et puisque ça faisait un petit moment qu'on pensait à monter une structure pour sortir les disques des amis, ou des projets parallèles, c'était maintenant ou jamais.

Armelle : Actuellement puisque nous avons quitté notre label et que nous ne sommes pas allés en chercher un autre, nous nous retrouvons dans une situation que nous n'avions jamais connue auparavant. Nous avons toujours été signés, et peut-être n'aurons-nous plus jamais une telle liberté dans le futur. Cette poche de liberté actuelle nous permet de faire ce que l'on veut avec ces morceaux.

Nous en profitons donc pour sortir un objet que, je crois, aucun label ne sortirait jamais : un double-album de vingt-huit titres, accompagné d'un gros livret avec les paroles, des photos. En général les labels argumentent que c'est trop cher, que c'est plus profitable lorsque l'auditeur télécharge le morceau à 0,99 euros sur une plateforme. Avec L'essentiel, par son contenu et sa forme, nous nous sommes fait plaisir.

Mocke : Il faut quand même préciser que le Village Vert, notre précédent label, nous a donné l'autorisation d'utiliser ces morceaux.

Armelle : C'est vrai que j'oubliais ce détail. Mais en partant du Village Vert, nous avons renégocié de récupérer nos bandes...

Mocke : (interrompant Armelle) ça n'a pas été une véritable négociation, ils ont été assez sympathiques pour nous les laisser.

Armelle : (rires) Attends ! J'essayais de me faire passer pour une super businesswoman qui négocie. C'est vrai qu'on est parti avec les bandes et qu'on se retrouvait avec cette "oeuvre", entre guillemets, entre les mains. On s'est demandé ce qu'on allait en faire, si on allait la ranger dans un tiroir ? Nous savions aussi que, peut-être en changeant de maison de disques, il y avait le risque que notre catalogue rentre dans la négociation. On a donc sorti cette compilation d'inédits et de morceaux plus emblématiques de Holden. Personne ne le fera derrière notre dos. Nous l'avons fait selon nos critères d'esthétique, et en choisissant nous-mêmes les morceaux. De plus, c'était intéressant et agréable de suivre, pour la première fois pour nous, le processus de création du disque du début à la fin.

Mocke : Enfin, nous en avons profité pour mettre des choses assez improbables, un instrumental, des chansons en anglais, et même un très ancien morceau sur lequel c'est moi qui chante.

Armelle : Oui, le genre d'ovni qui aurait été complètement refusé par une maison de disque.

Hormis en raison de cette histoire de droits, j'étais pour ma part surpris de vous voir monter votre propre label dans la mesure où depuis vos débuts, vous bénéficiez de l'estime et du soutien de vos pairs dans le milieu de la musique.

Armelle : En fait, on prend notre temps. On aurait pu quitter le Village Vert et aller démarcher d'autres labels en leur disant "Voilà, nous sommes libres. Êtes-vous intéressés ?". Puis on se mettait au travail juste derrière. Ou alors on considérait que le temps était plus élastique que tout ce qu'on avait vécu jusque là. Nous avons la réputation d'un groupe qui prend son temps, pourtant, mine de rien, les choses s'enchaînent.

Mocke : De plus, on a d'autres projets en cours. Nous sommes en pleine écriture du prochain album. C'est tout de même plus important que de chercher une maison de disques. La recherche d'un nouveau label viendra par la suite. D'autant plus que ce n'est pas la partie la plus agréable, alors on repousse. Le plus tard sera le mieux (rires).

Vos chansons sont des invitations au voyage. Déjà par leurs titres "Madrid" ou "Tunis", mais aussi dans les paroles. Par exemple, dans "Mike Harvey" sont évoqués la Thaïlande et Shanghaï. Pourtant, dans le titre "les touristes", on vous découvre surtout comme des voyageurs qui aiment sortir des sentiers battus.

Armelle : C'est vrai, on a fait beaucoup de voyages. Or je ne me suis jamais vue comme une touriste.

Mocke : Les voyages ont été importants pour Holden. C'est d'ailleurs toujours le cas, même si on dispose de moins de temps aujourd'hui.

Armelle : On est souvent parti en voyage, et toujours avec une guitare et un carnet. Mais nous nous sommes souvent retrouvés scotchés dans un hôtel à essayer d'écrire une chanson parce que, là où nous étions, ça ne sentait pas pareil qu'à Paris, que les sons et les odeurs étaient différents. Plus souvent, en tout cas, qu'à aller visiter le monument incontournable de la ville où nous nous trouvions. On a assez régulièrement zappé les choses incontournables indiquées par les guides de voyage.

Mocke : De toute façon, ce ne sont pas les monuments qui m'intéressent dans une ville. C'est plutôt de déambuler dans les rues, d'en capter l'atmosphère, de me demander ce que ça fait de vivre à cet endroit.

Vous vous rendez régulièrement au Chili pour enregistrer et tourner. Pourtant, on ne trouve sur votre discographie qu'une seule évocation de ce pays à travers une reprise de "La carta" de Violeta Parra. Pourquoi ?

Armelle : En fait, le Chili est un pays où nous sommes allés souvent, et pour de longs séjours. C'est un pays merveilleux, mais on ne l'a jamais conçu comme un pays exotique. On y est toujours allé pour travailler. Il y a là-bas une ferveur, une fièvre propice au travail. Tout le monde est à fond. Les chiliens sont enthousiastes, positifs. Mais ensuite, il y a ce côté "repos du guerrier" avec des fêtes invraisemblables pour se détendre après le travail. J'ai toujours adoré travailler là-bas. Cette reprise de Violeta Para est un hommage à ce pays qui nous reçoit toujours si bien.

Mocke : Violeta Parra est un immense artiste. C'est une figure là-bas. Elle vient d'une famille étonnante. Son frère est un grand poète. Violeta faisait de la musique, mais aussi des broderies incroyables. Cette femme est hallucinante. Elle allait de villages en villages, et apprenait les chants traditionnels à une époque où le magnétophone n'existait pas. Elle les arrangeait ensuite à sa façon, avec son jeu de guitare très particulier. Elle est allée dans tout le Chili comme une anthropologue et a fait beaucoup pour ce pays. On avait très envie de rendre hommage au Chili et on pensait que, en tant que musiciens, reprendre une chanson de Violeta Parra était une belle façon de le faire. Il faut vraiment écouter Violeta Parra, c'est passionnant.

Vous avez un succès à l'étranger au moins équivalent à celui que vous avez en France. Est-ce que vous l'expliquez ?

Mocke : C'est vraiment mystérieux, et relatif aussi parce qu'on ne fait pas de la musique dite commerciale. J'ai l'impression que nous ne sommes pas dans la démarche de faire de la chanson française. Les paroles sont importantes mais la musique peut aussi toucher des gens qui ne les comprennent pas.

Armelle : Au Chili, ils nous ont toujours considérés comme un bon groupe de pop. Ils nous comparent souvent à Stereolab. Ils nous classent dans cette frange de pop indé. Ils se soucient peu que nous chantions en français ou en anglais. Lorsque nous sommes allés jouer au Canada ou en Australie, qui sont pourtant des pays anglophones, c'était la même réaction.

Mocke : On ne se soucie pas de la façon dont on va être reçu ici ou ailleurs. On fait notre boulot, et si on touche des gens, tant mieux ! Mais si ça ne touche que nous deux, c'est déjà ça.

En regardant dans les disques d'Armelle, j'étais surpris d'un tel éclectisme dans les goûts musicaux. Il y a beaucoup de styles, des années 50 à nos jours. Du jazz, de la world, du rock, de la chanson, du psychobilly. Or l'impression première que j'ai toujours eu en écoutant votre musique, c'est qu'elle trouvait ses racines dans les groupes indés anglais de la première moitié des années 80. Des groupes qui d'ailleurs étaient eux-mêmes très inspirés par les années 60, comme Orange Juice, Everything But The Girl ou les Smiths. J'ai souvent l'impression de retrouver cet esprit dans vos arrangements et vos mélodies.

Mocke : On a beaucoup écouté tout ça, mais on ne peut pas passer toute une vie en n'écoutant que les Smiths ou Everything But The Girl. Il faut s'ouvrir.

Armelle : (rires) Tu sais, il y en a pourtant qui le font...

Mocke : Certes, mais nous sommes trop amateurs de musique pour rester bloqués sur une seule période. Nos goûts sont larges.

Armelle : Ça fonctionne par période.

Mocke : On a beaucoup écouté les groupes indépendants anglais que tu citais mais aussi du jazz des années 30/40, de la musique africaine, brésilienne, du classique...

Armelle : Les premiers groupes sur lesquels nous sommes tombés d'accord étaientt les Buzzcocks, les Only Ones et les Unknowns. Le Velvet aussi qu'on adore depuis toujours. Des groupes fondateurs. Quel que soit le style musical que j'écoute, à un moment il faut que je remette un Velvet sur la platine. Je trouve que ça n'a pas vieilli.

Mocke : A l'inverse d'Armelle, j'ai tellement écouté ces disques que j'ai l'impression de les connaître par coeur. Néanmoins, à propos des Unknowns, j'ai tout de même fait une recherche dernièrement, sur internet, pour me renseigner sur ce que devenait Bruce Joyner.

Bien que votre prochain album soit en préparation, vous continuez chacun à travailler sur un projet personnel : Superbravo pour Armelle, Midget! pour Mocke. Pouvez-vous nous parler de ces projets parallèles ?

Mocke : Tu as commencé le tien en premier, alors tu commences. (rires)

Armelle : Après une grosse décennie avec Holden à travailler ensemble, nous avions tous les deux besoin de prendre l'air, d'écrire chacun de notre côté. Superbravo me permet de voir ce que je peux donner lorsque je travaille seule. J'avais aussi envie d'écrire de nouveau en anglais comme à nos débuts à Dublin. C'est quelque chose que nous nous étions interdit avec Holden parce que nous souhaitions travailler avec la langue française comme matière. Mais je gardais au fond de moi cette envie d'écrire et de chanter à nouveau en anglais. Le résultat est que j'apprécie d'interpréter ces nouvelles chansons sur scène, et qu'elles vont se retrouver sur un disque à la rentrée. Cet à-côté ne m'empêche pas cependant de beaucoup penser à Holden.

Mocke : Midget! est un projet commun avec ma chérie. Travailler chacun de notre côté nous libère. On peut explorer des dimensions qu'on aurait pas osé avec Holden. En contrechamp, cela ouvre de nouvelles perspectives pour Holden.

Armelle : En plus, je conseille à tous d'écouter Midget!. Ce qu'ils font est vraiment bien.

Retrouvez Holden
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L'interview de Holden (8 février 2006)

En savoir plus :
Le site officiel du label Watusa créé par Holden
Le Myspace de Holden

Crédits photos : Thomy Keat (Toute la série sur Taste of Indie)


Laurent Coudol         
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