"L’urgence est telle aujourd’hui qu’il importe de s’employer à tout enchanter, tout le temps et durablement. Cela vaut pour la vie comme pour le jazz, à moins de se résigner à n’édifier que des sanctuaires ou des musées et ne célébrer que des postures, certes stylisées, mais mortes", au dos d’un dossier de presse que j’ai fait tomber dans la flotte. Damned ! Comme il a raison celui qui a écrit ça !
C’était pour Olivier Calmel. Vous savez, j’habite dans une mini-ville à la mentalité villageoise qui vit à l’état sauvage, n’acceptant que des personnalités de sa meute, couplée à un besoin pressant d’identifier tout nouveau nom en l’associant à une meute voisine. Donc, quand j’entends Calmel, je pense à Mireille Calmel, écrivaine d’une superbe histoire d’Aliénor d’Aquitaine… sa sœur ?... Et j’oublie Roger Calmel : le chanceux papa de ce jeune Olivier.
Bien qu’il soit adulte, Olivier est un petit prodige du jazz, fonçant tête baissée dans la création, la composition, l’écriture, et créant des merveilles comme ce projet electro-couac, baptisé Sha-Docks. La particularité d’Olivier Calmel est d’utiliser un violon alto en la personne de Frédéric Eymard dans son quintet jazz. Les autres comparses du quintet sont la batterie de Karl Jannuska, la contrebasse de Bruno Schorp et les saxophones de Christophe Panzani (italien ? Oui, je sais, elle est nulle, mais la perche était tellement énorme qu’elle bouchait l’avenue !).
Une autre particularité du jazz, c’est la place qu’elle laisse à l’improvisation. Et il faut une sacrée maîtrise des instruments et une bonne connaissance de ses compères pour répondre à une improvisation sans couac. C’est "une musique à l’écriture rigoureuse, riche en mélodies et puisant efficacement dans un vivier de musiques actuelles". Soit. Jolie phrase qui parle certainement aux aficionados.
Et c’est là que réside la limite entre eux et moi. Je suis incapable de lire une partition, de jouer d’un quelconque instrument, je ne sais pas mettre de mots sur des styles musicaux et là, j’ai vraiment l’impression qu’on me regarde de haut quand on me sort des phrases intello comme "les compositions du leader sont un concentré d’évidence mélodique et de groove". Je me contente de hocher la tête et de dessiner des fleurs dans la marge de mes cahiers.
Du coup, de mon côté, loin des préceptes et des concepts, ces cinquante minutes de mélanges de musique classique au jazz m’ont simplement donné une impression de sérénité un peu floue, comme la surface d’un lac, a priori lisse, et a fortiori (moi aussi je sais caser des mots compliqués !) froissée par le vent, et naturellement peuplée d’invisibles poissons et crustacés enfouis. |