Pour cette deuxième journée ensoleillée à Solidays, nous rentrons tout de suite dans le vif du sujet avec Zone Libre vs Casey & B. James, soit le groupe de l'ex-Noir Désir Serge Tesiot-Gay (guitare). Sympathique, mais rien de très nouveau chez ces Rage Against The Machine à la française. Tout l'intérêt réside dans les riffs volcaniques de Mr Serge, qui maltraite les conduits auditifs de festivaliers à peine réveillés. Bonne idée de mélanger les genres, mais les phrasés agressifs et les textes véhéments de Casey & B. James ne sont pas notre tasse de thé, d'où une petite déception à la sortie.
La petite Madjo donne, dans un tout autre style, un très bon concert. On pense entre autres à Yael Naim et Asa. Ses chansons folk-soul et sa belle voix rocailleuse séduisent en ce début d'après-midi. Tantôt feutrées tantôt entraînantes, la franco-sénégalaise possède plusieurs rengaines alléchantes ("Leaving My Heart", "Je Claque Des Doigts", la reprise de "Where Did You Sleep Last Night", "Trapdoor In The Wall") et fait preuve d'aplomb sur scène. Belle découverte.
Nous enchaînons avec les p'tits français qui montent : Quadricolor. Ces jeunes niçois proposent une pop légère et fraîche, teintée d'électro, jouée avec entrain. Très agréable à écouter même si, au stade du premier album, ils ne vont pas révolutionner la planète rock. Il leur manque encore la mélodie qui fait la différence.
Délaissant contre notre gré Shakaponk, nous nous rendons sous le chapiteau César Circus, où le vétéran Charles Bradley donne un superbe récital soul. Un vrai show à l'ancienne, avec un groupe à la hauteur du patron. Même s'il donne parfois dans l'imitation de James Brown, le soulman sexagénaire fait revivre avec ferveur et talent une époque révolue.
Pas le temps de chômer, Moriarty chante ses comptines boisées sous le Dôme. Découverts il y a près de 4 ans avec l'album Gee Whiz But This Is A Lonesome Town et le single fédérateur "Jimmy", le groupe franco-américain s'est un peu fait oublier depuis. Revenus au printemps avec un nouveau disque dans le même esprit mais, il faut dire ce qui est, un peu moins bon (The Missing Room), c'est avec un vrai plaisir que l'on retrouve Moriarty sur scène. Rien n'a changé, ou presque : en rangs serrés derrière une Rosemary tout de rouge vêtue, le groupe joue un folk rugueux et étrange aux mélodies mélancoliques et aériennes. Même si le nouvel album a sa chanson phare (la superbe "Isabella"), "Private Lily" recueille plus de suffrages, sans parler de "Jimmy" sur laquelle le public retient son souffle, offrant au groupe une quiétude toute religieuse.
Déjà programmés l'an dernier sous le même chapiteau, revoilà les français de Syd Matters, lestés d'un cinquième album en demi-teinte (Brotherocean). On affectionne toujours autant ce groupe en live, où il est capable d'envolées planantes d'une douceur absolue autant que de passages fiévreux et puissants. Le set, entamé par "Obstacles" - peut-être leur plus belle chanson -, confirme ce que les albums laissent penser : les chansons récentes ne soutiennent pas la comparaison avec les deux premiers albums. Même si "Hi Life" ou "Wolfmother" font mieux que tenir la route, on ne retrouve pas la même intensité que sur les chansons de A Whisper And A Sigh ou Someday We Will Foresee Obstacles ("Watcher", "Bones", "Stone Man" et, donc, "Obstacles"). Malgré ces quelques passages à vide, le concert reste très bon et Syd Matters prouve qu'ils restent loin devant la meute des poursuivants.
S'en suit un parcours du combattant pour accéder à la scène Paris où se produit Morcheeba. 10 minutes de marche pour traverser le festival et nous retrouvons les anglais en plein "The Sea". Récemment rabibochée avec les frères Godfrey, la chanteuse Skye Edwards éclabousse la scène de sa classe. Il suffit qu'elle chante pour que nous tombions sous le charme. Mais, malgré Skye et des compositions retranscrites à la perfection, le problème reste le même avec Morcheeba : passé quelques titres, on s'ennuie poliment. Les chansons du nouvel album ("Even Though", "Blood Like Lemonade", "Crimson") ne font pas oublier leurs glorieux ancêtres. L'excitation revient sur les standards du groupe ("Otherwise", "Slow Down", "Blindfold", "Rome Wasn't Built In A Day"), qui nous font passer un moment douillet au coin du feu. Nous repartons satisfaits, ayant reçu eu ce que nous attendions. Mais pour le grand frisson, nous repasserons.
Pas grand chose à signaler ensuite. En quête de substances solides puis en goguette au Nova Club, nous ne verrons de la nuit électro que The Shoes (sympa mais pas complètement convaincant), manquant notamment Goose.
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