Jacques Mougenot, auteur, metteur en scène et comédien formé par Jean-Laurent Cochet, a bien évidemment commencé par le fondamental de l'enseignement dispensé par son Maître qu'est la fable, et plus précisément les fables de La Fontaine.
Alors, il en reste toujours quelque chose et avec son frère, François Mougenot, lui aussi passé par la case du Cours Cochet, il avait sévi en duo dans un pastiche littéraire intitulé "La cigale et la fourmi" qui constituaient autant de déclinaisons amusantes du corpus lafontainien selon le procédé du "à la manière" en s'alignant sur le style d'autres auteurs célèbres.
Avec "Vers divers dits", le voici en solo, à la plume et à la voix, pour un recueil de fables originales de son crû nimbées d'humour et de malice, pour un peu plus de la moitié,et écrites à la manière de Jean de La Fontaine et de fables de ce dernier pour le surplus, toutes destinées à être dites et donc écoutées.
Pour tous ceux qui ne sont pas des familiers de La Fontaine,et pour les autres aussi au demeurant, il est conseillé de commencer à la mi-temps du CD avec "L'éloge de La Fontaine" par laquelle Jacques Mougenot rend hommage à celui qui fut d'abord un poète avant d'être étiqueté uniquement comme fabuliste et dont les fameuses fables ont constitué d'âpres pensums récitatifs pour des générations d'élèves aux temps où l'exercice de la récitation servait d'aune pour éprouver la mémoire.
Rappelant les circonstances qui l'ont amené à user de ce registre de l'apologue et de la métaphore animale et célébrant sa virtuosité dans la pratique du vers libre, il loue l'art unique et divers qui en a résulté et recommande
la lecture du fablier, "bouclier qui garde les hommes de la folie",
qui constitue "un évangile laïque
et multiple dont les paraboles sont à approfondir inépuisablement".
Ainsi, propose-t-il un florilège de fables à re-découvrir, avec des fables best-sellers comme "La cigale et la fourmi" et des fables très connues telles "La laitière et le pot au lait" et "Le lièvre et la tortue" ainsi que des fables à découvrir comme "La tortue et les deux canards", "Les deux amis" et "L'homme et la couleuvre".
Par ailleurs, faisant oeuvre créatrice, il s'est amusé à inventer, pour la plupart d'entre elles, à qui une suite, un épilogue ou une variante qui constituent autant de délicieuses pépites dont ce serait inconscience ou méchanceté gratuite que les révéler toutes.
Deux exemples, tout de même, pour allécher le lecteur futur auditeur. "Perrette bis" narre la suite de la mésaventure de la fameuse Perrette qui, suite à la ire de son époux, repartit légère et courbattue pour le marché avec un nouveau de pot de lait qui ne valait guère plus que le prix d'un oeuf lui ôtant tout espoir de capitalisation et dont le rapport fut bu en une après midi par le mari. Moralité : que l'on veille ou qu'on se leurre ce n'est pas avec du lait qu'on peut faire son beurre. Et la controverse continue d'opposer le chêne et le roseau devenus table et panier.
Jacques Mougenot met également en fable le jeu de logique "Le chou, la chèvre et le loup" qui se termine bien pour la chèvre qui n'a droit cependant qu'à un amuse gueule car il s'agit d'un chou de Bruxelles.
Enfin, deux opus ressortissent, par leur développement, au conte : "Scandale sur Olympe", histoire des amours adultères de Vénus avec Mars qui déclencha la colère de Vulcain, fit des dommages collatéraux en représailles et mit Cupidon au chômage, et "Noé" par lequel il revisite un des épisodes de la Genèse qui est un de ses sujets d'intérêt et qui lui a inspiré un très jubilatoire spectacle philosophique intitulé "La création du monde".
A déguster donc.
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