Drame noir écrit et mis en scène par Maya Boquet, avec Lenka Luptakova, Elisa Voisin et Antoine Sastre.
Maya Boquet, comédienne, metteur en scène et assistante à la réalisation des fictions radiophoniques sur France Culture, a écrit une comédie dramatique sous forme d'une narration d'enquête policière "aux allures de hard-boiled", précise sa note d'intention, le roman noir à l'américaine, qu'elle porte au théâtre suivant les codes du théâtre radiophonique.
En d'autres termes, avec "Une étrange aventure de Jo Preston", elle remet sur scène une forme culturelle née du théâtre, au début du 20ème siècle, qui a fusionné avec le cinéma, dans laquelle le son se substituait à l'image et disparaissaient le corps physique et le jeu corporel du comédien.
Une démarche qui, à l'instar de celle de ses homologues composant la nébuleuse de la jeune création contemporaine, ressort au recyclage, et, concrètement sur scène, permettant de voir l'envers du décor, celui de l'enregistrement d'une pièce sonore, étanchera sans doute la curiosité du spectateur friand des processus d’invention artistique émergents.
Statiques derrière les micros, les comédiens, Elisa Voisin, qui prête sa voix au rôle titre ainsi qu'à la narratrice en prenant la scansion atone de la version française de la série télévisée "Mike Hammer", héros de Mickey Spillane, auteur hard-boiled s'il en est, Lenka Luptakova et Antoine Sastre, à qui leur est également dévolu, en l'espèce, le bruitage en direct, bruitage à la bouche ou avec les fameux et ingénieux détournements d'objets, qu'ils accomplissent plus qu'honorablement, dispensent une histoire parodique truffée de quelques dialogues qui se déroule dans un no man's land suisse plutôt glauque avec des personnages archétypaux.
Une enquête dans laquelle la détective privé un peu à côté de ses baskets qui roule en vieille Opel Manta et passe son temps à épousseter son slim, va découvrir la recette du perroquet russe, apprendre la composition du broyat, parfaire sa culture musicale en matière de post-punk féminin avec la litanie des grandes soeurs des riot grrrl, dont Kleenex Liliput, vrai groupe zurichois de la fin des seventies et, peut-être découvrir le secret de Rita Luga, "plus blanche qu'un béluga".
Pour les amateurs, à suivre s'agissant d'un work in progress. |