En une piste, "Sex in the Limo", Miro et ses 2 Pigeons parviennent à télescoper la nonchalance d'Elysian Fields, le faux flow de Jean Leloup et la scansion bricolote d'un Manu Tchao solo – voire, pourquoi pas, le timbre d'un Gaëtan Roussel.
La suite des quarante minutes de l'album ne rétablira aucune normalité, multipliant au contraire les croisements et hybridations surprenants, pour le meilleur et pour le pire.
Le meilleur, c'est un album résolument original, à l'univers cocasse et chaleureux. Ce sont des rythmes entraînants, des mélodies souvent efficaces. C'est l'impossibilité de s'ennuyer trop facilement, en se reposant sur un manque de variété. C'est le sourire que l'on aura souvent. Ce sont des textes résolument ancrés dans la réalité d'aujourd'hui, qui dessinent les contours d'un album très actuel.
Le pire, ce sont des textes souvent un peu vains ("j'adore cette boîte à gants / quand j'ai chaud je prends un tic-tac / et quand c'est trop / je bois de l'eau", répété à l'envi). C'est une difficulté à s'approprier un disque à l'univers si particulier, à y faire son propre trou, les pattes en rond. C'est le soupçon, sempiternel, que cette originalité à tout prix pourrait avoir quelque chose d’artificiel, malheureusement.
Tout au long du disque, on songera encore à Daran (sans les chaises), Sweet Smoke, Supertramp, Philippe Katerine, Charlélie Couture, Rodolphe Burger avec ou sans Kat Onoma, Tryo, Michel Berger... Et certainement bien d'autres choses, au gré de votre propre culture musicale. On entendra des touches de funk, de jazz, de rock, au service d'une chanson française mue par son propre appétit, dévorant, le long de milliers de kilomètres d'un asphalte surréaliste. Drôle de road trip.
Le genre d'album qui permet des conclusions habiles de double sens : Miro and The 2 Pigeons, ça ne ressemble vraiment à rien.