Spectacle de théâtre musical écrit par Lucas Darkain, mise en scène de Stéphan Druet, avec
Zakia Abasse, François Briault, Anne Cosmao, Geneviève de Kermabon, Emma Fallet, Cécilia Filippi, Sebastiàn Galeota, Nanou Garcia, Laura Lago,Virginie Lavallée, Tiago Do Nascimento, Caroline Roëlands, Anne Seiller et Sarah Zoghlami.
Il est extrêmement rare d'avoir apprécié une pièce au point de souhaiter en parler le moins possible afin de ne pas en révéler la moindre surprise et laisser le spectateur s'émerveiller.
On peut par contre sans risque donner le postulat de départ de la pièce "Les Divas de l'Obscur" : au milieu d'une forêt, vivent dans un asile abandonné, oubliées de tous et à l'écart du monde, treize actrices de cinéma qui n'ont brillé que dans un seul rôle et qui désormais ont endossé le caractère de leur personnage.
Afin de soigner la schizophrénie des occupantes de ces lieux, deux patientes décident de faire suivre à leurs compagnes d'hôpital une méthode thérapeutique originale.
Ce spectacle visuellement étourdissant se présente comme une comédie "psycho-glamour" musicale. Quelles sont alors les bonnes raisons d'aller voir ce show ? Afin de préserver la surprise, évoquons simplement la scénographie particulièrement inventive de Francis Lévêque et Valentine Gauthier, et la manière dont le lieu, la cour intérieure du XVIIIe siècle de l'Hôtel Gouthière, hôtel particulier désormais Conservatoire de musique, est utilisé.
Il y a d'abord, créés par Claudio Soro, les costumes chatoyants et les perruques extravagantes dont les divas sont affublées, mais aussi les maquillages de Magalie Roux. Quant aux lumières de Cesko, elles participent énormément à rythmer et à souligner l'action.
Comme aux Césars, après les aspects techniques, passons au texte de Lucas Darkain, qui peut-être n'est qu'un pseudo (dark1 ?) pour Stéphan Druet tant on retrouve un certain nombre de thèmes qu'il se plaît à décliner. On peut certes y voir un coup de griffe à l'état actuel de la psychiatrie, cependant c'est plutôt dans la déclinaison de l'hystérie, du fantasme, du travestissement, de la présence du jeu dans le quotidien qu'on retrouve sa touche.
Quant au déroulement de l'intrigue, il est d'abord prétexte à des numéros d'actrices (et d'acteurs) éblouissants.
On retrouve l'excellent Sebastiàn Galeota dans le rôle d'une Madame Mim version Disney, mais qui aussi incarne une sorte de surmoi de toutes les pensionnaires de cet hôpital très spécial. C'est autour de lui et de François Briaud, resplendissant avec un turban sur la tête, que l'action s'organise dans une spirale de plus en plus délirante.
Laura Lago, affublée d'une perruque blanche et d'un syndrome de la Tourette, est d'une précision incroyable dans cette mise en scène très chorégraphiée. Anne Seiller impose son personnage de la Reine de Coeur grâce à une présence très forte. Sans énumérer toutes les divas, leurs dérèglements mentaux et hormonaux, chaque actrice amène une vraie personnalité et un caractère à son personnage.
On ne peut que toutes les citer tant elles sont merveilleuses: Zakia Abasse, Anne Cosmao, Geneviève de Kermabon, Emma Fallet, Cécilia Filippi, Nanou Garcia, Virginie Lavallée, Caroline Roëlands et Sarah Zoghlami. Il ne faut pas non plus oublier Tiago Do Nascimento, dans le rôle du Prince, original objet thérapeutique de désir à usage des divas.
Enfin que serait une comédie musicale sans le livret. Celui-ci est composé autant de classiques de bandes originales de films, de chansons françaises et même d'opéra. Et lorsque les paroles des chansons sont modifiées, l'écriture s'accorde toujours avec justesse à la rythmique et aux mélodies.
On reconnaît Barbara, Aznavour, ainsi qu'une version savoureuse de "La visite " de Lynda Lemay. On a d'ailleurs l'impression que Stéphan Druet s'est vraiment fait plaisir en allant piocher dans ses souvenirs d'enfance de cinéma, de comédies musicales hollywoodiennes et de morceaux de bravoure des classiques de la comédie américaine jadis diffusés le mardi soir.
Comme au cabaret, on peut apprécier le spectacle en sirotant un verre de vin, le plaisir d'assister à ce spectacle en plein air n'en est alors que décuplé.
Un spectacle somptueux, généreux, réjouissant tout autant qu'abouti dans ses moindres détails, où il faut absolument se précipiter durant cet été parisien. |