Retour en mots et en images sur la 17ème édition (surpeuplée) d’un de nos festivals préférés : des têtes d’affiches parfois décevantes, peu de découvertes mais aussi des instants de grâce qui resteront gravés dans les mémoires collectives. Ce tout petit supplément d’âme qui fait la différence entre grosse machinerie et formation culte…
Après la baisse (toute relative) de fréquentation en 2010, cette année est marquée par un retour massif des troupes, notamment Espagnoles qui viennent rééquilibrer la domination Britannique.
Petit conseil avisé : ne jamais attaquer un festival (qui plus est d’une telle ampleur) dans un état de fatigue avancée. Ce n’est bon ni pour soi, ni pour les groupes à venir qui vont souffrir de ce manque de réceptivité.
Vous l’aurez compris, c’est peu reposé, tendu et énervé (par la route toujours trop longue) que je débarque à Benicàssim, accablé par la chaleur et avec une appréhension justifiée : le camping est complet depuis des mois. Ce qui signifie que 40 000 personnes s’y sont déjà installées depuis le lundi quand je débarque comme une fleur le jeudi. Autant dire, mission impossible. C’est donc avec une certaine abnégation que j’entame mon chemin de croix (et de détritus divers), sous un soleil de plomb et chargé comme une mule (par chargé, je veux dire que je porte du poids, pas que j’ai déjà attaqué le festival façon jeune débridé en vacances hispaniques).
Par miracle, je finis par dégotter un emplacement optimum vu les conditions (pas trop loin de tout mais en plein soleil et sur le passage (sic)).
Revigoré par la traditionnelle douche froide réparatrice, je me dirige à grands pas vers la soirée d’ouverture, dont la programmation ne m’a pas transcendée de prime abord lors de mes préparatifs.
Dès l’entrée sur le site, c’est l’heure d’un petit tour d’horizon des changements par rapport à l’année précédente. A commencer par les scènes : la principale et traditionnelle "Escenario Verde" a été sobrement rebaptisée "Maravillas" et son décor est désormais assez simpliste (finis les bandeaux déroulants et autres fioritures) ; les deux autres sont désormais complètement ouvertes : la "Fiberfib" accueillant des groupes d’envergure (via deux écrans géants), la "Fib Club" étant dédiée aux découvertes. La Pista Pop (chapiteau mythique qui hébergeait en fin de soirée les corps fatigués venus se dandiner lascivement sur fond de tubes pop rock distillés par des Djs survoltés) a purement disparu et c’est fort dommage. On note l’apparition d’un mini chapiteau OVNI, sponsorisé par une célèbre marque de Whisky aux deux prénoms… Il est censé abriter des concerts de groupes en devenir, un peu noyés entre les amplis des autres scènes. Bon courage ! Ce chapiteau occupe d’ailleurs l’espace de repos où était déployé auparavant l’écran géant relayant les concerts de la grande scène. Dommage encore.
Pour le reste, les boutiques et stands divers ont été recentrés et font désormais partie intégrante du festival. Comme l’an passé, un manège (le grand Booster) a été placé au cœur du site, ce qui ne facilite pas les déplacements (on se demande un peu ce que ça vient faire là). Toujours autant de bars, de stands de nourritures variées (et pas avariées… la qualité est plutôt bonne) et de toilettes, rien à dire : l’organisation et les bénévoles sont très pros.
De grands panneaux dressés devant chaque scène indiquent les horaires des quatre soirs. Cela ne vaut pas un programme mais ça évite d’acheter l’officiel vendu à un prix abusif vu son maigre contenu.
Même si la verdure a un peu disparu (la faute à la sécheresse ?) et qu’il est désormais difficile de trouver un coin d’herbe (pour se poser), le site a fière allure et sa disposition optimisée permet toujours de déambuler d’un groupe à l’autre sans trop de difficultés.
En l’absence de choix, je me dirige vers la FiberFib pour le concert de The Spires, qui déflore cette édition 2011 devant un public comme toujours clairsemé à cette heure précoce (18h).
Le groupe de Sheffield déborde d’énergie mais propose un rock mâtiné d’électro synthétique manquant singulièrement de fraîcheur (du White Lies croisé avec du Franz Ferdinand). Rien de bien nouveau sous le soleil mais une ouverture sympathique.
Petit détour rapide par la Fib Club où le Dj espagnol Aldo Linares (qui a contribué à la renommée de la Pista Pop) s’essaie désormais à la chanson, façon crooner décomplexé. A force de passer les disques des autres, on comprend que ça le titille mais c’est un douloureux moment pour lui comme pour les rares oreilles présentes.
A côté, les espagnols (comme leur nom ne l’indique pas) de Layabouts ouvrent la "scène des Merveilles".
On comprend vite qu’ils sont très fiers d’être un des seuls groupes de leur pays à chanter en Anglais "pour qu’on comprenne leurs paroles" et qu’ils le revendiquent haut et fort. C’est osé (voire un peu hautain), devant un public majoritairement espagnol ! Leur tube "To the End" fait mouche et on se trémousse gentiment.
Il est l’heure de rejoindre Anna Calvi sur la Fib Club (choix de scène surprenant tant la demoiselle a fait parler la poudre cette année). C’est un des concerts que j’attends le plus ce soir, après tous les échos positifs sur les prestations scéniques de la jeune Anglaise.
Elle se présente droite comme un I, fière comme une danseuse de flamenco dont elle arbore le costume, sobrement vêtue de rouge et noir, le chignon tiré, rien ne dépasse. Sa prestation sera à l’avenant : propre mais sans vraiment d’émotion, malgré une voix claire et puissante, une guitare rageuse et une percussionniste qui habille à merveille ses compositions. Il est vrai que l’heure n’est pas trop propice au recueillement (même si on se souvient avec bonheur de la prestation de The National en 2008 dans des conditions similaires). Ce sera un peu la constante du festival (à de rares exceptions près) : de grands groupes, de chouettes morceaux mais un manque flagrant de communication avec le public. Si bien qu’au final, il ne se passe pas grand-chose et on finit par s’ennuyer ferme. La faute à une trop grande timidité (c’est bien le cas ici) ou parfois tout simplement parce que le groupe fait le boulot sans conviction (les Strokes en seront malheureusement un parfait exemple).
Après un court passage relaxant dans le calme et la fraîcheur de l’espace VIP / Presse, je me dirige vers la scène FiberFib pour le concert de Julieta Venegas. La mexicaine est visiblement très appréciée par un public local, réellement admirable. Il est capable de transformer un concert de variété en une grande kermesse populaire où les sourires et les danses emportent toutes les critiques. Et l’engouement est contagieux, même si la chanteuse (proche d’une Jenifer hispanique) nous propose quelques rengaines intéressantes et entraînantes, on reste dans un style musical assez léger (tout comme les textes : "Bien o Mal", "Amores Platonicos") qui a du mal à capter l’auditoire sur la longueur. Ceci dit, on repart le sourire aux lèvres après un bien agréable moment. Comme un des slogans présent sur une affiche le résume bien : "Repent and Turn to Pop" !
Absorbé par la belle, j’ai raté la majeure partie du show de Paolo Nutini. J’arrive juste à temps pour sa reprise mollassonne du "Over and Over" de Hot Chip. Il s’en sort bien même si ça dégouline un peu trop à mon goût…
En tous cas, c’est désormais la foule des grands soirs et pas grand-chose à se mettre sous l’oreille musicalement. J’hésite entre Dorian et Plan B… Je privilégie finalement le premier (décidément une soirée à forte consonance Espagnole pour se mettre en jambe). Son électro-pop déclenche l’hystérie (notamment sur "la Tormenta de Arena") mais je reste personnellement un peu hermétique ; d’autant que le jeu de scène est un peu exagéré : on a droit à un magnifique clavier-guitare très eighties et un salut de la troupe au grand complet pour clore la prestation.
Court passage par les sympathiques Crystal Fighters avant d’aller me positionner pour le concert de The Streets sur la grande scène. Mike Skinner ne ménage pas ses efforts pour ce qui sera peut-être la dernière tournée du groupe en tant que tel. Il harangue la foule en permanence, lui demande de dépasser ses limites, de partager ensemble ce moment, sans oublier de remercier les fournisseurs pour la qualité de l’herbe ! Le résultat est efficace et "Going Through Hell" emporte tout sur son passage, ça pogote sévère en première ligne sur les conseils amusés du maître des lieux ! Gros son, belle énergie et bonne ambiance.
Au bilan, une soirée en demi-teinte et c’est harassé et un peu déçu que je me dirige vers un "repos" bien mérité. C’était sans compter sur la sono démesurée qui crachera de la techno jusqu’à 7h du matin… (et certains se plaignent sur les forums que les soirées soient "écourtées" parce qu’avant c’était jusqu’à 8 heures !).
Heureusement, le ciel est couvert et permet une mini grasse matinée avant que les rayons du soleil n’enflamment l’atmosphère et rendent les tentes irrespirables.
Je suis le long cortège des "Fibers" en mode automatique, direction la plage pour une sieste comateuse semi réparatrice avant de repartir pour un tour. |