Textes de Claude Bourgeix interprétés par Yann Mercanton.
On ne sait pas grand-chose de lui. Il est adjudant en retraite, "adjudant, c'est pas rien". Il passe sa vie seul, mais se plaît à dérégler le monde autour de lui. Il siffle les voitures à un carrefour à la place de l'agent et observe les conséquences. Ou bien il joue aux cartes avec le chien de sa voisine.
Un jour, sa vie prend un tournant encore plus inattendu lorsque frappe à sa porte une gouvernante qui vient se mettre à son service. Bientôt elle sera suivie d'un chauffeur alors même qu'il n'a pas d'auto, un chauffeur. C'est à pieds, en l'obligeant à marcher derrière lui, que son chauffeur l'emmènera vérifier les niveaux ou la pression des pneus.
Le texte de Claude Bourgeyx rappelle Queneau ou Ionesco. Son personnage évolue dans un quotidien absurde, puis de plus en plus délirant. Un quotidien de plus en plus soumis aux fantasmes, à l'érotisation, dans lequel les interdits se débrident, et où finit par pointer l'envie de meurtre, non face à une personne en particulier, mais face à l'humanité toute entière.
Yann Mercaton campe ce personnage d'ancien adjudant avec une belle présence. Le visage blanchi à la poudre de riz, un casque de pilote en cuir, à l'ancienne, sur la tête et portant une redingote de l'armée, il s'agite sur la scène, de plus en plus anxieux des manoeuvres de sa gouvernante et de son chauffeur.
Il assure également la mise en scène de ces "Petites fêlures". Il bouge, saute, mime, entraîne le spectateur dans ses aventures délirantes, inquiétantes et paranoïaques. Les amateurs d'humour absurde, d'univers fantasmatiques et d'imaginaire débridé s'amuseront beaucoup durant cette pièce pourtant hors-norme.
Comme dans un jeu sexuel, Yann Mercaton nous entraîne dans une suite de tableaux où la parole trouve un puissance érogène de plus en plus forte, où le dérapage et l'escalade constituent de véritables dangers. |