Fable métaphysique de Fabrice Melquiot, mise en scène de Manuel Bouchard, avec Claude Lalu et Babette Largo (Nadjina Khouri en alternance).
Tours, à la terrasse du "Beau dommage", une rencontre entre un vendeur d’encyclopédies et une vendeuse en bijouterie qui vient de quitter travail et mari.
"Lisbeths" ressemble à plusieurs autres textes de Fabrice Melquiot mais possède une ambiance particulière, mélange de romantisme et de fantastique.
Scène couverte de moquette grise dont une plate-forme faite de praticables couvre le fond, c’est la scénographie minimaliste de ce spectacle au style indéfinissable.
Manuel Bouchard nous conduit dans un poème à l’ambiance irréelle et tendre, installant au fur et à mesure une tension grandissante et haletante.
Les comédiens, Claude Lalu et Babette Largo, avec une belle harmonie et une humilité touchante, nous guident dans les méandres de cette histoire trouble et anxiogène. Lisbeth prend peu à peu plusieurs visages et se fond dans ses doutes et ses peurs, comme cet enfant à naitre qui angoisse plus encore Pietr. Lui est ce personnage clairvoyant qui saisit toutes les imperfections des hommes du 21ème siècle, ne cherchant que l’amour mais se faisant peur à lui-même dans cette évolution perpétuelle.
Et dans cette histoire d’amour où l’appel de la mer se fait pressant, chacun perd un petit bout de lui, des parties du corps ôtées comme des êtres imparfaits qui s’efforcent du mieux qu’ils peuvent de s’accorder. Fabrice Melquiot traque les mille et une métamorphoses d’un couple et les petits détails qui s’en échappent. Manuel Bouchard en fait une fable à la fois intime et onirique.
Un moment de théâtre singulier entre romance et thriller, porté par des comédiens très attachants.
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