Outre-Manche, The Leisure Society est sérieusement en train de se faire un grand nom. Brian Eno ne jure que par eux et on y voit volontiers la réponse britonne aux états-uniens enjoués de Grizzly Bear ou Fleet Foxes. Le groupe de Nick Hemming joue dans la cours d'une pop beatlessienne inoffensive, plutôt du genre à écrire "Ob-la-di Ob-la-da" que "Happiness is a warm gun" ou "Helter Skelter" – plutôt du genre à être repris par Youssou N'Dour et Jimmy Cliff que par les Breeders ou Noir Désir, donc.
Pour tout dire, si le groupe chantait en français et n'en déplaise aux grands patrons de la presse indie-culturelle, on parlerait de variété plutôt que de quoi que ce soit d'autre, en songeant à des gens comme Patricia Kass, Pascal Obispo ou Florent Pagny.
Alors, que vaut ce deuxième album, qui cartonne dans les charts du pays de sa Royal Majesty la Queen Elizatbeh The Second ? Il a du genre tous les défauts et les qualités : une production parfaite, de très beaux arrangements, une certaine ampleur même dans des compositions très composées, justement, et très écrites, et toutes apprêtées ; mais aussi un certain sentiment de vide, une réelle difficulté à toucher l'auditeur, à le bousculer, en tout cas, à développer une voix (/voie) personnelle, une personnalité.
En bref : quarante cinq minutes de musique bienheureuse et caressante, un peu oldy dans l'esprit du crooner propre sur lui avec son backing band souriant, la mise en pli mélodique aussi impeccable que la capillaire. Musicalement, on pourra songer à une réunion de Art Garfunkel et Paul Simon, qui ne joueraient que leurs faces B ou les pièces oubliées de sessions studios peu inspirées, accompagnés parfois par la clarinette aventureuse de Christian Morin. Une chose est sûre : ça ne peut pas faire de mal. On était un peu passé à côté de la sortie de l'album en mai 2011 ; dommage, il aurait certainement fait un cadeau idéal de fête des mères. |