Comédie dramatique de Arlette Namiand, mise en scène de Jean-Paul Wenzel, avec Frédéric Baron, Arthur Igual, Yedwart Ingey, Jenny Mutela, Anne Rebeschini et Lou Wenzel. Configuration bi-frontale pour ce nouveau spectacle de Jean-Paul Wenzel dont on avait apprécié les "5 clés" l’an dernier au Théâtre du Lucernaire. Dans "Ombres portées" écrit par Arlette Namiand, chacun porte son corps, inerte, qu’il tente de ranimer.
Des ombres et des fantômes rôdent alentour qui donnent de la tension aux scènes, les différents personnages se croisent, les histoires (cinq) s’enchevêtrent pour n’en former plus qu’une, tandis qu’un épais brouillard enveloppe ces séquences intimes et laisse planer un doute propice à poursuivre soi-même les récits et reconstituer les vies des cadavres gisants, visibles ou invisibles.
Un texte âpre et sombre qui, à force d’être elliptique nous perd un peu parfois… Mais il y a la mise en scène de Jean-Paul Wenzel : dense, physique et élégante. Aidé par Thierry Thieû Niang à la chorégraphie, il déplace ces corps avec force et crédibilité dans l’espace et crée de beaux moments comme cette scène de complicité entre un père (Yedwart Ingey) et sa fille (Lou Wenzel). Utilisant au mieux le lieu, il le remplit de fantômes et de vivants qui luttent pour aller vers l’avenir.
Et puis, il y a les comédiens, tous irréprochables. Les femmes en tête qui ont les plus belles partitions ou en tout cas les personnages les plus nuancés. Jenny Mutela, toute en délicatesse, est captivante, Lou Wenzel, rayonnante, formidable comme toujours et Anne Rebeschini à la très belle écoute, donne beaucoup d’émotion à cette femme témoin qui emporte avec elle ces propres démons et finira par se débarrasser de leurs dépouilles. Frédéric Baron, Arthur Igual et Yedwart Ingey sont tous les trois justes et complètent avec talent cette distribution.
L’habillage sonore de Philippe Tivillier et les chansons du groupe Olen’k, sublimées par la voix envoûtante d’Elise Costa, ajoutent encore à l’intérêt de ce spectacle intriguant et singulier qu’il faut aller découvrir. |