Conte écrit et mis en scène par Joël Pommerat, interprété par Isabelle Rivoal, Valérie Vinci, Murielle Martinelli et Ludovic Molière.
Après son succès à travers la France, reprise de ce spectacle, "Le petit chaperon rouge", de Joël Pommerat créé en 2005 pour de nouvelles dates qui seront à coup sûr un succès au Nouveau Théâtre de Montreuil (saluons au passage l’accueil parfait dans ce lieu spacieux et chaleureux).
Sur un plateau quasiment vide, un conteur barbu en costume-cravate très pince-sans-rire vient nous raconter l’histoire de cette petite fille dans une atmosphère obscure où la lumière, due au remarquable travail d’Eric Soyer, découpe l’espace pour symboliser les différents lieux.
Les sons, les déplacements, les effets techniques : tout est d’une redoutable précision et servi par d’excellents comédiens : Ludovic Molière est parfait en conteur au phrasé moderne, qui semble presque là par hasard et qui, dès le départ, amène le décalage. Isabelle Rivoal interprète la mère avec une subtile expressivité qui n’a d’égale que sa très grande agilité corporelle. Enfin, Murielle Martinelli est un Petit Chaperon plus dégourdi que l’original. Elle est éblouissante de naturel et de maitrise.
Joël Pommerat démonte le mécanisme de la peur par une approche à la fois drôle et poétique. Certes, le conte est remanié : le rouge du Chaperon par exemple n’apparait qu’à la fin, quand la petite fille est devenue une femme elle-même (et montre par là-même l’évolution et le remplacement de l’une par l’autre).
Toutefois, la trame du conte reste inchangée (avec une version plus proche des frères Grimm que de Perrault, où le Chaperon ne meurt pas). Le metteur en scène exploite au mieux le plateau en le quadrillant avec dextérité, tantôt par des raies de lumière, tantôt par les mouvements des acteurs avec une réussite visuelle indéniable.
Il en résulte un beau spectacle et un conte qui ne se prend jamais au sérieux et revisite avec classe un de nos plus célèbres contes pour enfants, en aidant ceux-ci à dépasser leur peur. |