Réalisé par Richard Glatzner et Wash Westmoreland. Etats-Unis. Drame. Durée : 1h30 (Sortie le 5 juillet 2006). Avec Emily Rios, Jesse Garcia, Chalo Gonzales, Johnny Chavez et Carmen Aguirre.

L.A. est un quartier de Los Angeles habité en majorité par des hispanophones et en particulier par des émigrants mexicains. Attention ! Ici, pas question d’immigration clandestine, pas plus que de guerre des gangs, même si le héros tatoué a jadis flirté avec la délinquance. *

Non, Richard Glatzner et Wash Westmoreland nous installent au cœur d’une communauté à la fois intégrée et fière de ses traditions, comme le montre le film dont le titre original est "Quinceaneras" en référence à la cérémonie donnée en l’honneur des filles qui fêtent leur quinze ans et, par conséquent, "deviennent des femmes".

Rite de passage, cérémonie qui mobilise famille et amis, "Quinceaneras" est visiblement un moment inoubliable pour une jeune latino-américaine de Los Angeles; Sauf quand la jeune fille en fleur est déjà enceinte - tout en étant vierge pour corser l’affaire - et que son fiancé s’est défilé et qu’il a été remplacé par son cousin homosexuel et logiquement mis au ban d’une famille hyper catholique.

Attention ! Encore une fois, attention : "Quinceaneras" n’est pas un film qui prend les choses au drame, même si son registre est l’émotion, une émotion qui découle du soin que les deux réalisateurs mettent à pénétrer le cœur de chacun des protagonistes, en particulier celui du vieil oncle qui recueille le couple de parias.

Les cinéphiles reconnaîtront dans cette belle figure titulaire une vieille connaissance : Chalo Gonzales, qui n’a pas manqué un film de Sam Peckinpah depuis "La Horde Sauvage". Rien que pour le voir à 85 ans obtenir son plus beau rôle, il ne faut pas rater le film de Richard Glatzer et Wash Westmoreland.

Les deux réalisateurs s’attachent, derrière une intrigue presque prétexte, à décrire la vie de ce quartier dans lequel les hispaniques se sentent bien, même si la spéculation immobilière les met en concurrence (déloyale) avec des communautés plus riches, et notamment la communauté gay. Tout ici est dit et dit sans trop insister mais dit quand même.

Documentaire sociologique qui se sert de la fiction pour rester léger, "Echo Park L.A.", avec ses personnages aux sourires convaincants, est une leçon d’amour et de partage. Dans un cinéma indépendant américain qui ronronne de morosité, aussi peu créatif et tout aussi stéréotypé que la grosse cavalerie commerciale, c’est une bouffée d’oxygène qu’on respire à pleins poumons cinématographiques.

Sorti en 2006, alors que le bushisme n’en finissait plus d’en finir, "Echo Park L.A." donne une bonne image d’une Amérique peuplée de braves gens divers qui n’aspirent qu’à bien vivre ensemble au rythme des "Quinceaneras". C’est tout le mal qu’on leur souhaite.