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Conférence de presse  (La Route du Rock)  août 2004

Pour une fois la tente des conférences de presse de la Route du Rock est bien remplie ; les journalistes de tous bords sont venus en nombre écouter les histoires de Mathias et de toute sa sympatique bande.

Un incident ayant retenu notre animateur de conférence ailleurs, nous sommes donc seuls avec eux ... Mais personne ne va s'en plaindre !

Leurs impressions (ou plutôt celles de Mathias) quelques heures avant le dernier concert de la tournée Western.

Une question stupide pour commencer : j'ai vu à vos derniers concerts qu'il n'y avait plus de Goldorak sur la batterie ... Que lui est il arrivé ?

Eric : On aime le changement, c'est une longue histoire d'amour avec Goldorak mais on évolue.

Il y a des fleurs maintenant en décoration, est ce que ca symbolise quelque chose ?

Mathias : C'est pour offrir à Goldorak, pour qu'il revienne. En fait Goldorak est une fille pas plus grande que Babet avec une toute petite voix mais qui se cache derrière ses grandes cornes et ses trucs de gars. Alors on a pris des fleurs pour qu'elle revienne et que Babet ne soit pas la seule fille : elle grogne quand elle est toute seule. (rires)

J'ai cru lire que ce soir ca allait être principalement électrique , c'est vrai ?

Mathias : Non. (...) Si, enfin je ne sais pas , on va voir ce qui se passe ce soir. Oui c'est la formule "éléctrique" mais ca ne nous empêchera pas de faire un peu de surprises.

On peut parler de la suite de Dionysos ; y a-t-il déja des enregistrements, des nouvelles chansons ?

Mathias : Oui y'a plein de choses en chantier, en effervescence, en construction ... Là c'est notre dernier concert avant de repartir sur de nouvelles choses. On va jouer certains morceaux ce soir pour la derniere fois avant un bon moment, donc ca va être un peu spécial aujoud'hui, presque .. tragique !

En dehors de cela, ça fait quel effet d'être dans la programmation de la route du rock ?

Mathias : Super contents, super fiers car depuis plusieures années on voit la programmation qu'il y a, et il y a pleins de groupes dont on est fan. Ce soir on joue entre Blonde Redhead et Jon Spencer, dont on a les disques, c'est tellemnt notre culture, c'est vraiment bien. On a tellement fait de festivals y'a 2 ou 3 ans où on passait à 3 heures du matin après 6 groupes de reggae et 4 groupes de ska avec des mecs qui crachaient du feu (rires) qu'on est pas mal contents là de jouer avec Jon Spencer et Blonde Redhead, c'est un vrai privilège.

Vous vous sentez dans cette même lignée ?

Mathias : Non je n'irais pas jusqu'à prétendre ça, mais tout simplement c'est des groupes dont on a les disques et qu'on aime. Si on a enregistré avec Albini par exemple c'est notamment parce qu'il avait fait Jon Spencer. Pourquoi a t'on fait de la musique un jour ? parce qu'il y a des disques qui nous ont passionés, et aujourd'hui on joue avec : c'est super excitant !

Western Sous la neige est sorti il y a 2 ans et ca fait pas mal de temps que vous tournez, je voulais savoir s'il n'y avait pas une certaine lassitude à jouer les morceaux ?

Mathias : Ben non car on essaie de les faire évoluer, ils vieillissent avec nous, de tournée en tournée on a même parfois tendance à complètement les dévisager. Et c'est excitant aussi de revenir sur de très vieux morceaux que l'on ne jouait pas sur la tournée d'avant. On a maintenant quelques disques et on pioche , comme dans un buffet froid : tu choisis les trucs que tu préfères et qui craquent le mieux sous la langue.

On s'arrête avant de ne plus avoir faim, et là, on a encore faim jusqu'à ce soir, même s'il y aura peut être un peu de mélancolie à se dire que c'est le dernier concert avant un moment. Mais il faut toujours en garder un peu et ne pas se gaver.

Du coup ce qui s'est passé quand on a fait le filage, la semaine de répetition, on avait joué que des nouveaux morceaux et à deux jours du concert on avait pas encore joué les anciens alors on a incorporé plein de nouvelles choses, de nouveaux instruments... Ca veut dire que l'aventure continue.

Vous avez un univers très caractéristique et vous avez travaillé avec d'autres personnes comme avec Kaolin, est-ce que ces collaborations sont une manière de ne pas rester claustro dans l'univers Dionysos ?

Mathias : Non, ce n'est pas un besoin ni un concept, on ne s'ests pas dit "maintenant il faut qu'on fasse des collaborations car on va etre trop claustro dans notre univers". Non c'est juste des rencontres, de la curiosité. Et le fait d'avoir un univers ne veut pas dire être centré sur soi même, mais c'est vrai que les collaborations apportent plein de trucs. Par exemple avec Kaolin on s'est très bien entendus, on aime ce qu'ils font, comme avec toutes les autres collaborations qu'on a eu, mais ca se fait "à la rencontre" , de manière artistique, pas comme un concept.

Y a-t-il un album de prévu ?

Mathias : On ne sait pas encore, mais oui, il peut se passer des choses. Il y avait quelque chose de prevu avec les Kills, mais on n'a pas eu beaucoup de contacts encore, là on va se poser un peu et essayer de relancer ce truc là. On s'est retrouvé à partager la scène avec eux à St Brieuc l'an dernier , et pareil : on était tout heureux de jouer avec eux.

Je crois que vous étiez dans la fosse hier soir pour la performance de Peaches, je voulais savoir ce que vous pensiez du personnage ?

Mathias: En fait je ne connaissais que de réputation, et 2 ou 3 morceaux, J'ai bien aimé quelques morceaux et ça m'a fait rire aussi, c'est un super spectacle. mais j'aurais été encore plus pris s'il n'y avait eu ce côté provoc que de temps en temps, et si elle avait joué sur d'autres tableaux, alors que là elle prend un mode de fonctionnement, un mode de provocation, elle le pousse au bout.

Ca m'a plu mais je n'ai pas été retourné, je ne me suis pas dis "je vais acheter tous ses disques et je veux la revoir". Je vois ca comme un bon divertissement ... pour adultes (rires) ... Enfin je trouve qu'elle ressemble un peu trop au guitariste de Queen ... ou au Capitaine Crochet !

Vous dites que vous allez arrêter de tourner pour vous reposer ... Vraiment pour vous reposer ou pour commencer à enregistrer d'autres morceaux ? Et si oui dans quelles conditions techniques ? avez vous une idée de ce que vous voulez faire ?

Mathias : Eh bien on va se poser 3 semaines en résidence au Maroc où on va pouvoir faire comme si on était dans un atelier : poser tous les instruments dans une salle et ne plus les bouger et experimenter des choses sur les morceaux qui sont en train de naître. Voilà le projet, et après on parlera de sortie de disque, nouvelle tournée... Mais d'abord penser à l'écriture, fabriquer de nouvelles choses et à le sentir au mieux possible. On a la chance d'avoir la structure pour le faire : pendant 3 semaines ca va être un peu le laboratoire, et on va voir ce qui se passe ... et ca c'est super excitant, on va être un peu isolés et on n'aura à penser qu'à ca.

C'est toujours un peu difficile de rentrer dans quelque chose, puis d'en sortir et d'y rentrer à nouveau, mais là ca va être un peu comme quand on veut apprendre l'anglais et qu'on ne parle avec personne de français. Ca va être un peu la meme chose, on va vraiment se mettre dedans, et c'est un privilège que j'attends avec impatience.

Comme ca se passe au Maroc, est ce que ca va être teinté de choses un peu orientales?

Mathias : On n'y va pas spécialement pour ca, on n'y va pas comme un exercice de style genre "voilà on va au Maroc alors on va ramener la carte postale un peu orientale dans les chansons" , mais on est complètement ouverts à des rencontres, comme pour toutes nos collaborations, humaines et artistiques, mais on n'y va pas dans ce but précis, on y va pour faire notre disque et voir ce qui va se passer.

Vous disiez que vous n'acheteriez pas les disques de Peaches, y a-t-il un artiste ou un groupe, dans un passé recent, pour lequel vous avez eu ce coup de coeur ?

Mathias : Le dernier disque que j'ai adoré, ils ont joués ici mais je ne les ai pas vu, c'est Coco Rosie et j'aurai adoré les voir mais là j'ai simplement aimé le disque. La question c'etait si j'avais vu sur scène et si ca m'avait donné envie ?

Oui, a priori vous écoutez les autres et vous allez les voir alors est ce que vous avez flashé sur quelqu'un ?

Mathias : Je me suis re-pris une baffe avec PJ Harvey. J'avais déjà acheté tous ses disques donc ca servait à rien, c'était gratuit, mais bon je l'ai vu plein de fois il y a super longtemps et ca fait longtemps que je suis fan et je l'ai revu, j'ai repris la claque. Je me suis faufilé jusqu'au deuxième rang, j'avais à nouveau 14 ans et demi. Y'avait un mec à côté de moi qui envoyait des baisers, et je me disais "il est con ! " et deux minutes apres c'est moi qui le faisait !

Sinon j'ai redécouvert des trucs, genre les premiers disques de Johnny Cash que je ne connaissais pas, les premiers albums des Cramps , et sinon sur scène ... Buck 65, je crois que c'est LE truc de cette année. Il n'a pas joué ici ? l'année dernière ? En plus il parait que maintenant il joue avec un groupe, nous on l'a vu juste avec sa platine c'était déjà terrible. On avait juste acheté le dernier disque et du coup au merchandising on en a acheté plein. Et d'ailleurs c'est aussi parmi les idées d'éventuelle collaboration, d'éventuelle production pour le prochain disque. Un mec qui est à la fois fan de hip hop, qui dis dans ses chansons qu'il écoute Johnny Cash et Tom Waits, ca ne peut être que du bon ! Et on a bien envie de le rencontrer.

En fait on l'a un peu rencontré mais faut voir eventuellement ce qui peut se passer. C'est que des idées et des envies pour l'instant. C'est bien les périodes comme ca : on fait des concerts, on a envie de faire de nouvelles choses, y'a plein de choses qui naissent ...

Un peu après ou un peu avant PJ Harvey vous avez vu les Pixies ?

Mathias: Ah ouais ! Je me suis régalé mais j'ai eu moins de surprises. Je me suis régalé car j'adore les morceaux, et c'était génial d'entendre les Pixies jouer les morceaux des Pixies que j'adore. Et j'avais peur que ca fasse un peu reformation baloche, et en fait pas du tout l'intensité est là, ca n'a pas bougé d'un poil, sauf qu'ils ont tous pris 50 kilos. J'avais peur que ca fasse mongolfière au début : qu'ils décollent et qu'ils ne puissent plus chanter en face du micro ... Non mais ils le font toujours aussi bien mais voilà , c'est exactement les même versions que les albums, alors comme j'adore les morceaux j'ai passé un bon moment, mais j'ai pas non plus pris une claque pour le concert en lui meme.

Plus terre à terre : il y a eu des bouleversements chez Trema dernierement , est-ce que cela a eu des conséquences pour vous ?

Mathias : Pour l'instant ca va, mais effectivement Trema a disparu. Nous nous sommes retrouvé chez Barclay et on est super content parce qu'on avait bossé avec eux sur un album hommage à Ferré et ça s'etait très bien passé. De plus on continue de travailler avec le directeur artistique de Trema, qui était venu nous chercher dans une petite salle de Marseille devant 30 personnes. Donc le lien va se faire avec les autres personnes de chez Barclay qu'on avait déjà rencontré. On est bien dans la même longueur d'ondes, ils ont des groupes qu'on aime bien. Ca s'annonce bien et pour l'instant on est toujours en liberté.

Il y a beaucoup de groupes de rock francais qui sont arrivés,je pense à AS Dragon, Hushpuppies... Vous disiez tout à l'heure qu'il fallait attendre que tous les groupes de reggae et Ska passent, est ce que la période n'est pas plus facile pour un groupe comme Dionysos aujourd'hui ?

Mathias : Non je pense qu'il n'y a pas de période ou de mode. Ca n'est pas si important , nous nous sommes régalés à faire les concerts dans les bars... Je n'ai pas l'impression que ce soit une question de période. Nous ça fait, combien ? onze ans ? putain ca fait vieux cons, vieux couple ... vieux ! Il y a 11 ans on avait la passion pour les même groupes, les Kills et les White Stripes n'existaient pas mais on aimait deja le Velvet Underground, les Stooges, ou Television... On a fait notre truc et on ne s'est pas dit "oh maintenant y'a le reggae alors on ne le fait pas" . On a marché à l'envie et à voir ce qui se passe et si on commencait pile aujourd'hui on aurait la même démarche.

Oui mais les conditions même matérielles, l'attention du public... ?

Mathias : Si c'est le cas tant mieux, on est content pour nous et pour les gens qu'on a cité. Mais c'est difficile de s'en rendre compte quand on est vraiment dedans. Notre vrai truc c'est quand meme d'écrire des chansons de les jouer sur scène et de les enregistrer. On ne s'est jamais vraiment préoccupé de la conjoncture plus ou moins favorable. Peut être que tu as raison et je le souhaite !

Vous avez parlé des Pixies qui ont fait un truc très carré, est-ce que vous ne trouvez pas qu'il n'y a pas assez de groupes qui prennent de risque comme vous avez pu en prendre ?

Mathias : Chacun a son mode de fonctionnement, moi je ne voudrais pas donner de leçon aux autres groupes, ca serait ridicule et en plus j'ai horreur que les autres le fassent. Y'a des groupes qui sont bien en jouant tout au clic et en rejouant tout sur ordinateur et ils sont super fort, on va pas leur dire de jouer live et de changer leurs chansons, s'ils le font bien. Nous, notre façon de fonctionner, c'est de se faire peur, de modifier, de jouer live, de jouer vraiment ensemble, d'essayer d'apprendre en désapprenant avec des instruments qu'on n'utilise pas forcement, de se débrouiller avec des jouets pour enfants, et ce genre de trucs ça nous excite.

A partir du moment où on fait quelquechose de nouveau on sent qu il se passe quelquechose de spécial. Ca peut s'appliquer à d'autres groupes mais ce n'est pas La grande vérité à suivre. Nous c'est comme ça et faut pas qu'on se detache de ça car c'est comme ca que l'on se sent vivants. Y'en a qui font toujours les mêmes disques depuis 20 ans et qui font de super spectacles... regardez AC/DC (rires).

Vous avez fait un DVD avec des films d'animations et autres petites choses, quel travail cela a-t-il représenté pour vous ? et êtes vous prêts à renouveler l'experience ?

Mathias : Tu imagines, Mike et moi torses nus pendant la canicule l'an dernier, sur nos ordinateurs en train de suer dans sa chambre, en train de recupérer des trucs pêchés ici et là, en petite caméra, des souvenirs... On a meme chopé une chauve souris qui arrivait dans la chambre de Mike, cela nous a donné une idée et on a scannée une chauve souris qui était sur une pochette de disque et on en a fait une animation toute pourrie ! On s'est beaucoup amusé. C'est quelque chose qu'on ne connaissait pas trop : faire un dvd avec des bonus, et il y a eu beaucoup de fraicheur, on ne savait pas trop ce qu'on faisait et on a marché à la sensation, au plaisir.

On s'est apercu qu'on fonctionnait comme ca aussi pour faire nos morceaux. Par exemple quand on a dérusher les films des concerts pour le live on a choisi les trucs qui nous faisaient vibrer. Le dvd c'est un super objet car il y a plein de place, plein de possibilités, c'est ludique et tu peux t'adresser aux gens de manière très personnelle. Je prefererais que ca ressemble à un vinyl, ca serait encore mieux !

Pour en revenir sur votre besoin de se mettre en danger, est ce que le travail en studio est une travail qui vous embête ou est ce un plaisir different du live ?

Mathias : C'est un plaisir qui est aussi important que le live. L'un n'existerait pas sans l'autre. Si c'était une finalité de jouer en live ca perdrait tout son sens. Ce qui nous excite c'est d'avoir des morceaux sur un disque et après d'aller les défendre sur scène.

La marque de fabrique de Dionysos c'est un peu cette pêche que vous avez du debut à la fin du concert, vous vous donnez à fond, est-ce que vous avez toujours cette pêche en debut de concert,ou est ce que parfois vous êtes moins dedans et vous devez un peu vous forcer ?

Mathias : Tu ne te forces pas ! Mais tu entretiens celà. Ce qui nous excite vraiment c'est la magie qu'on a pu rencontrer de temps en temps, le fait est qu'on a réussi à l'atteindre en se donnant à fond. Donc on se donne la peine chaque soir de se mettre dans cet état de tout donner pour essayer d'atteindre cette chose impalpable où tout peut arriver. Des fois c'est plus dur que d'autres mais ca n'est pas se forcer car dans ce cas tu ne pourrais pas te donner à fond. Parfois on est plus fatigués et ce n'est pas toujours facile, par exemple quand on a fait un super concert qui nous a plu et durant lequel on a recu plein d'émotion, après il faut redescendre, rentrer a l'hotel dormir et se remettre dans le même état pour le concert suivant.

C'est pas évident mais c'est un privilège tellement énorme de ressentir tout ca ! On ne va pas se plaindre parce qu'on doit gerer notre adrénaline et nos émotions ! Quand on enchaine de super salles de concerts on peut bien se remuer les fesses et ne pas se plaindre parce qu'on a pas beaucoup dormi ! En fait ça me parait le minimum de tout donner, c'est une base. Je ne me motive pas avant de monter sur scène en me disant "il faut tout donner", c'est un truc qui est "compris dans le lot" ... D'ailleurs ca veut pas dire, parce que tu donnes tout, que c'est bien... T'as pas eu des experiences comme ca avec les filles ? (rires) ... C'est jamais gagné, et c'est ca qui est exctitant aussi. J'arrete pas de dire Excitant moi ce soir ...

Pour le prochain album, après Albini, vous avez envie de travailler avec ...

Mathias : ...avec quelqu'un d'excitant !

Avec Nigel Godrich par exemple ?

Mathias : Non, avec quelqu'un d'excitant on a dit ! Pas quelqu'un qui fait des beaux albums et qui lisse tout.

Albini le fait aussi, non?

Mathias : Lisser tout ? Non non. De toute facon il peut tout faire mais c'est pas son but. Lui ce qui l'interesse c'est de capter le groupe dans sa forme et dans l'humeur dans laquelle il est. Nigel Godrich a fait de super beaux disques, Radiohead ou le dernier Pavement, mais c'est pas un réalisateur qui nous fait rêver. On rêverait plus à des mecs plus improbables comme Tom Waits ou Lee Hazlewood. C'est juste dans le domaine du rêve et de l'envie. Mais Albini, ça nous paraissait inaccessible et on l'a eu au téléphone avec un répondeur tout pourri, Mike a à peu près assuré en anglais, et puis on a fini dans son studio à jouer au billard avec lui ! Donc sait-on jamais, tout peut arriver !

Mais vous n'avez pas déjà prévu quelque chose avec quelqu'un ?

Mathias : Non pas encore. On commence à se poser la question de peut etre le faire avec plusieurs, et on a pensé aussi à Buck 65 par exemple.

Une question pour Babet : depuis le début du groupe tu chantes de plus en plus, est-ce que sur les nouvelles compo ça en prendra le chemin ? est-ce que c'est quelque chose qui te botte de plus en plus ?

Babet : Pour les nouvelles compositions, elles ne sont pas encore commencées donc je ne peut pas te dire ; mais c'est vrai qu'au début je ne chantais pas beaucoup. La premiere chanson ça a été en live, et j'ai appris à chanter sur scène. Je suis de plus en plus à l'aise et je maitrise de mieux en mieux la chanson.

Mathias : Oui il va y avoir des choses avec Babet, des petits duo, des petites choses.

Vous êtes un groupe qui tourne énormément, je voulais savoir comment vous trouviez l'inspiration ?

Mathias : Justement parce qu'on tourne énormément.

Vous arrivez à écrire pendant les tournées ?

Mathias : Tu n'écris pas forcément directement mais tu en tires de la matière première pour écrire. En rencontrant des gens et en vivant des trucs assez forts. Y'a toujours les livres, les films et les disques qui nous influencent mais tu feras jamais mieux que le vécu.

Vous n'avez pas besoin de temps de pause ?

Mathias : Si, il faut un peu de temps, pour mettre en forme, mettre en forme entre nous, pour écrire, et ça on ne le fait pas forcement en tournée. Mais le fait de partir à l'aventure ça reste un super moteur pour rebondir sur la suite. Par exemple la façon dont tu joues les morceaux de l'album d'avant, ça a une incidence sur les sensations que tu as envie de retrouver, ce qui t'a plu au fil des concerts. Je pense que ce n'est pas un "castre création" d'être beaucoup sur la route, sauf si peut être on était trop sur la route, on a failli à un moment mais on s'est arreté avant de se faire mal.

Je me souviens une époque où on faisait 5 concerts d'affilée et on ne vivait que par le concert, on ne profitait plus du tout de la vie normale, on était comme des zombies. C'est bien de l'avoir expérimenté mais ca n'est pas là qu'on est le plus interessant, car tu n'es plus disponible pout les gens. Et si un jour tu as commencé à prendre une guitare folk et que tu es parti faire des disques et des concerts, ca n'est pas pour rester enfermé dans ta chambre. La route c'est ca : un partage entre nous, comme sur scène, avec le public et une vie : c'est un truc vivant ! Il ne faut pas que ce soit la transposition des horaires de bureaux : balance hotel manger ... Il faut que ce soit l'expédition ! Il faut protéger cette ambiance un peu magique.

Et c'est jamais gagné, le fait qu'il y ait quelque chose de spécial qui se passe c'est quelquechose de très fragile. Des fois sur un morceaux t'arrive avec une guitatre et tu écrases tout, il faut vite la retirée. Ca se joue vraiment à pas grand chose et toute notre vie il faudra qu'on fasse attention à ça. C'est plutôt une bonne occupation.

Vous avez parlé de Tom Waits, est ce que ca vous aurait plu d'être au générique de "Coffee and cigarettes" ?

Mathias : Aaahhh oui carrément ! Je travaillais sur lui à l'école : Je suis un fan inconditionnel de Jarmusch et ca serait un rêve absolu de faire une musique pour un de ses film. Que ce soit dans son côté Dead Man, western, autant que Ghost dog, hip hop, tous ses films sont extrêmement importants pour l'histoire du groupe. Presque comme une rencontre : des films qui te touchent au point d'avoir envie de reproduire les ambiances et de t'inspirer des personnages. Certains livres nous font cet effet là, mais l'avantage avec un livre c'est que tu peux l'acheter plusieures fois, c'est pour ça que j'aime les livres de poches, tu peux le perdre, le donner ... Ca ressemble beaucoup à des rencontres.

Et au générique en tant que comédien ou autre ? entre Iggy pop et Tom waits !

Mathias : Y'a du chemin encore !

 

 

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