La tournée Alphabetical
Tour de Phoenix passe par la Route du
Rock. Deck d'Arcy, Thomas
Mars et Christian Mazzalai sont
fidèles à leur image dilettante, décontractée,
un brin poseuse. Les conférences de presse n'ont pas l'air
d'être leur tasse de thé : peu loquaces, ils se prêtent
de plus ou moins bonne grace au jeu, l'ennui et la lassitude semblant
les guetter.
Quand les questions s'avèrent parfois plus révélatrices
que les réponses...
C'est la première fois que vous venez à
la Route du Rock?
Deck d'Arcy : C'est notre premier festival en France
pour la saison 2004.
Vous connaissiez ce festival?
Christian Mazzalai : Oui. C'est le premier festival
où je suis venu en tant que spectateur.
Quelle impression cela fait-il de revenir mais
sur la scène pour amuser la galerie ?
Christian Mazzalai : Ça fait un peu drôle
mais cela nous arrive régulièrement au cours de la
tournée.
Phoenix tourne maintenant depuis plusieurs années
et a deux albums a son actif. Avez-vous fait un bilan par rapport
notamment aux retours que vous avez sur les scènes sur lesquelles
vous tournez et également sur les scènes étrangères?
Christian Mazzalai : On n'a pas encore fait de
bilan. Mais que voulez-vous dire par là ? Vous avez l'air
de penser …
Juste savoir si vous jetez un œil sur le
travail passé alors que vous allez travailler sur un nouvel
album, en termes d'évolution.
Christian Mazzalai : La chose c'est qu'on essaie
de progresser.
Quand vous avez enregistré "Alphabetical"
quel était votre objectif ?
Christian Mazzalai : On avait envie de faire un
album vraiment seuls. L'idée c'est d'être indépendant.
On voulait que ce soit mieux que le premier qui jouait beaucoup
sur les références.
Et vous y êtes parvenu?
Christian Mazzalai : Oui. Je pense.
Parce que les médias ont toujours tendance
à vous mettre dans des niches
Deck d'Arcy : Il y aura toujours des
niches.
Quelle est votre influence majeure?
Christian Mazzalai : Les grands groupes et les
grandes stars de la pop music, les Beatles, Dylan.
Il y a aussi un côté soul et sexy
dans votre musique.
Christian Mazzalai : On a écouté
beaucoup de musique black.
Comment seront les prochaines compositions?
Christian Mazzalai : On ne sait vraiment pas. On
n'a pas de projet de concept avant de commencer un disque. On se
laisse porter par ce qu'on a envie de faire sur le moment. Pour
Alphabetical, on a beaucoup travaillé sur l'ethnique, le
groove, en le mélangeant avec ce qu'on aimait dans la musique
mélodique, les harmonies.
Vos références sont essentiellement
anglo-saxonnes?
Thomas Mars : Oui. Mais on adore Gainsbourg.
Quel est votre statut sur la scène pop
française ? On vous entend sur les radios donc vous êtes
un peu trop pop pour être méga-indé et en même
temps il semble manquer un petit quelque chose pour que vous soyez
complètement mainstream. Assumez-vous ce côté
un peu hybride ?
Christian Mazzalai : C'est pas faux. Mais être
entre les 2 serait un constat d'échec. L'idéal serait
d'être les 2 à la fois.
Avez-vous l'impression d'y parvenir?
Christian Mazzalai : Bah non.
En France, vous avez un succès d'estime.
Vous semblez mieux perçu dans les pays anglo-saxons.
Christian Mazzalai :Tout ça est vrai. Justement
c'est le genre de bilan qu'on devrait faire bientôt. On y
pense.
Et votre expérience au Japon?
Thomas Mars : C'était très mouillé
parce qu'on a joué dans un port. On n'a fait qu'un grand
concert, pas de tournée. Les gens sont tellement attentifs
qu'ils n'osent pas applaudir mais se déchaînent à
la fin. C'est le respect total de la musique, comme un concert de
musique classique.
Dans la scène musicale française,
de qui vous sentez-vous proche ?
Thomas Mars : Il y a plein de groupes qui ne font
pas la même musique que nous mais qui la font de la même
manière que nous, qui travaillent en home studio et sont
très créatifs, comme Sébastien Tellier.
Pour revenir sur votre 2ème album, vous
disiez que vous vouliez tout faire vous-mêmes. Cela veut-il
dire un enregistrement chez vous, sans producteur ? Et cela s'inscrire-t-il
dans une démarche actuelle qui est de vouloir un son beaucoup
plus proche d'un son live ?
Christian Mazzalai : Oui, c'est ça. L'idée
c'est de contrôler le produit fini car on a du mal à
déléguer à des gens. Le studio dénature
toujours le côté un peu naïf qu'on essaie de garder.
Nous avons enregistré dans notre cave mais l'album ne sonne
pas très live. L'idée c'était plutôt
d'avoir un son produit mais unique parce que dans tous les studios
du monde il sonne un peu pareil.
Vous n'êtes pas des puristes, il peut y
avoir quelques impuretés dans le son.
Deck d'Arcy : Oui, c'est ce qu'on recherche. On
cherche l'accident, le défaut de fabrication.
Cela sonne quand même très propre.
Deck d'Arcy : C'est plutôt dans le sens accident
de composition. Et puis le hasard qui peut ajouter un petit quelque
chose.
Cela vous intérêsserait-il d'enregistrer
en analogique ?
Deck d'Arcy : En fait, on enregistre pas mal de
choses en analogique mais l'étape finale, le disque est en
numérique.
Vos morceaux connaissent un grand succès
sur les dance floors et les compilation dance. Cela vous gêne-t-il?
Christian Mazzalai : Non. C'est l'idéal.
De toucher les gens.
Dans une interview, vous avez dit que vous écoutiez
votre album dans votre voiture. Est-ce exact?
Christian Mazzalai : Non. Ce que nous avons dit
c'est que la voiture était le meilleur endroit pour écouter
de la musique et a fortiori la nôtre. Et quand on fait un
mix, on l'écoute toujours en voiture.
Peu de groupes français réussissent
à l'étranger. Avez-vous songé à cela
avant d'enregistrer et avez-vous trouvé une solution pour
vous?
Deck d'Arcy : A l'époque on se posait très
peu de questions car on ne connaissait pas les problèmes.
On les découvre au fur et à mesure. Et les réponses
viennent avant les problèmes.
Est ce que cela vous aide d'avoir Air qui a tracé
le chemin?
Deck d'Arcy : Oui. Ça c'est sûr. Air
et Daft Punk. Et surtout il y a 4 ans. Depuis des portes se sont
refermées. On est content de toucher des gens dans le monde
entier.
Y a-t-il des groupes que vous aimeriez inviter
sur votre album ?
Deck d'Arcy : Il y a plein de gens avec qui on
aimerait travailler mais on a un peu peur de démistifier
le truc.
Avez-vous des exemples ?
Deck d'Arcy : En fait, on a demandé à
une de nos idoles, Nash Kato de Urge Overkill de reprendre un de
nos morceaux, donc là c'était une forme de collaboration
qui est sur le premier album.
Pourquoi le choix du nom Phoenix?
Christian Mazzalai : C'est toujours très
compliqué de choisir un nom parce qu'il faut à fois
ça ne fasse penser à rien de particulier et en même
temps qu'il y ait une ambiance un peu poétique, que ça
se prononce bien. On était sûr de nous quand on l'a
vu. C'était le nom d'une bière de Madagascar qu'un
ami nous avait ramené.
Quel groupe français appréciez-vous
?
Deck d'Arcy : Sébastien Tellier.
Vous figurez avec Sébastien Tellier sur
la BO de Lost in translation. Comment cela s'est-il passé?
Christian Mazzalai : Sofia Coppola connaissait
le morceau et nous a téléphoné. Ça s'est
passé très naturellement. Et on était très
fiers.
Comment écrivez-vous vos morceaux?
Deck d'Arcy : Il n'y a pas de règles. Ça
part d'une idée, d'une mélodie.
Christian Mazzalai : Le truc c'est surtout d'éviter
les habitudes. Par exemple, quand on fait trop de guitare on prend
des réflexes. C'est bon de changer d'instrument. Comme ça
il peut se passer des choses intéressantes.
Quels sont les villes et pays de la tournée
pour "Alphabetical"?
Deck d'Arcy : On a déjà beaucoup
tourné avec une soixantaine de concerts dans toute l'Europe.
On retourne en Angleterre en septembre. La tournée française
est prévue pour octobre a priori.
Le concert est donc bien rôdé maintenant?
Christian Mazzalai : Oui. Ça nous permet
d'être plus à l'écoute des autres.
Et les morceaux ont évolué?
Deck d'Arcy : Oui, par rapport aux premières
dates, ça sonne plus tout à fait pareil.
Avez-vous de nouvelles compos pour le prochain
album et viendra-t-il bientôt car plusieurs années
séparent les deux premiers ?
Christian Mazzalai : Oui, on y travaille. Je crois
qu'on ne survivrait pas physiquement à une expérience
comme la première.
Deck d'Arcy : En fait, avec la première
tournée, on a coupé les ponts avec le studio, sur
celle ci on continue de réfléchir à la musique.
Christian Mazzalai : L'idéal serait de faire
un album en 2 semaines. Et de le sortir le lendemain. A l'ancienne.
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