J'ai déjà écrit ici tout le bien que je pensais de l'album de Connan Mockasin, chose inclassable et fascinante dont on n'a pas encore fini de cerner toutes les trouvailles.
La question se pose cependant sur la mise en place scénique : est-il possible de recréer toutes les subtilités et pseudo-accidents qui donnent à l'album ce caractère vaporeux et insaisisable ?
La réponse se fera attendre tout le long du set de Moloko Velocet, groupe indie - shoegaze ayant visiblement découvert la musique avec The Brian Jonestown Massacre pour ne plus jamais s'en remettre.
L'ensemble et chiant, facile et ne montre aucune perspective d'évolution. Comme souvent lorsque je m'ennuie lors d'une première partie (ce qui arrive bien plus fréquemment que je ne le voudrais), je sors
pour fumer des clopes et tenter de battre mon meilleur score sur Super Copter (la suite de la soirée s'annonçait sous les meilleures auspices puisque j'y suis parvenu à 3 reprises).
Entre donc Connan Mockasin avec une sorte de chemise pyjama et des cheveux pleins les yeux. Le reste du groupe semble être un assemblage très hétéroclite de gens au style vestimentaire et capilaire douteux ("original" diront les plus polis).
Il semble en effet que pour intégrer le groupe, chaque membre doit rivaliser à qui portera le pull ou la veste la plus horriblement dégradante. Ces considérations mises à part, le concert commence et toutes les suppositions faites sur le groupe
(peut-être s'agit-il de vieux potes un peu dans la merde que Connan cherche à aider, peut-être étaient-ils à court de fringues et que leurs mamies les ont dépannés...) explosent pour en constater l'excellent niveau technique.
La section rythmique se dégage principalement par une cohésion incroyable sans jamais tomber dans le démonstratif et toujours au service des chansons. Chansons qui sont ici rendues parfaitement, avec des accents légérement plus violents que sur l'album
mais toujours avec cette impression de flou qui les caractérisent. Les contours ne semblent pas très nets (voire opaques) et pourtant tout est en place, en équilibre certes précaire mais fascinant.
Peu avant le concert, j'ai entendu des gens définir la musique de Connan Mockasin comme "un mélange entre Gainsbourg et Syd Barrett". Si le côté Gainsbourg de la chose s'exprime en effet au travers des lignes de basse semblant droit sorties de Melody Nelson,
l'aspect Syd Barrett semble légèrement plus abscons. Cette remarque me fait surtout penser que dès qu'un mec chante un peu bizzarement, il est immédiatement labelisé comme influencé par Syd Barrett ou Daniel Johnston (Syd Barrett si le mec joue de la guitare électrique, Daniel Johnston
s'il joue sur guitare folk).
La musique de Connan Mockasin est enfumée certes mais reste trop cérébrale pour les gens qui se droguent (dans un souci de professionalisme, j'ai tenté de vérifier cette théorie et j'ai commencé à me sentir terriblement mal et opressé au bout d'une vingtaine de minutes). Ce qui en fait la force et l'élégance, c'est son aspect flottant, mouvant presque sous-marin dans le sens où les contours ne semblent pas nets mais entourés d'un halo de couleurs surréelles. Les poissons rouges doivent adorer ça. |