Les disques de Monsieur Berge collent impeccablement au portrait de ses concerts : une demi-heure de rappel, un sourire, une blague et un enchaînement de notes à en perdre la raison ! La générosité, l’énergie et le plaisir de jouer sont palpables sur chacun des titres de cet opus intitulé Blackwood sorti en ce mois d’octobre.
Après moult chroniques sur ses œuvres, j’ai peur de me répéter un peu, mais seuls des termes élogieux me viennent spontanément à l’esprit pour nommer son travail. Les 11 titres de cet album accordent une place de choix à un univers peaufiné. Le guitariste norvégien continue sur sa jolie lancée en nous offrant un voyage musical à la fois matinée de blues, de folk, de rock. Brut de décoffrage ? C’est fort probable même si nous ne sommes pas ici devant une toile monochromatique. Ce mec débarqué des fjords et à la carrure peu commune parvient à réaliser la performance d’alterner force et finesse avec des rythmiques franches et des arpèges bourrés de sensibilité. Sa guitare 12 cordes nous offre un jeu clair et massif.
À l’adolescence, Monsieur Berge montait son premier groupe de bluegrass… L’artiste revient donc ici, à ses premières amours avec le banjo qui apparaît dès le premier titre "In & Out" et qui laisse présager un moment haut en couleur.
Ensuite, nous avons les coups de cœur ! Les miens se portent sur la reprise "Woodstock" de Joni Mitchell, l’instrumental "Blackwood" puis sur les blues mélancoliques "Blues for one" et "Darkness".
En réalité, ce sont de vrais petits bijoux automnaux apposés les uns à la suite des autres et menés d’une main de fer bien décidée à secouer nos entrailles d'auditeurs ! L’artiste ne parade pas, ne tourne pas autour du pot tel un artisan qui voudrait garder, envers et contre tout, le contrôle de sa création. Que vous aimiez ou non, vous serez bien obligés d’admettre un talent rare et une fougue déconcertante… alors à vos casques ! |