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puce Bigeard, l'album souvenir
René Guitton  (Editions du Rocher)  octobre 2011

Le nom Bigeard écrit trois fois sur la couverture. En bleu, en blanc, en rouge. Bigeard. Vous avez dit Bigeard ? Comme c'est Bigeard. Louis Jouvet de rajouter : "Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ?" (Jules Romains - Knock). Et nous de finalement répondre "Les deux, mon Général !".

Souvenez-vous du Général Bigeard décédé en juin 2010. Bigeard, qui avait rejoint la zone libre après s'être évadé d'un camp allemand pendant la seconde guerre mondiale. Bigeard, l'homme des opérations miltaires de la présidence gaulliste, le chef para des dernières batailles pour garder les colonies dans le giron français, de la cuvette de Diên Biên Phu en Indochine à la bataille d'Alger, alors que le combat politique était déjà perdu. Bigeard, ce militaire à la gouaille si caractéristique qu'il inspira Guy Montagné pour son fameux "Bande de petits salopards !" dans le Collaro Show.

Ce livre, Bigeard, l'album souvenir est un livre de photos, photos officielles, photos de presse ou photos privées qui permettent de suivre chronologiquement le parcours du Général dans l'intimité ou sur les terrains d'opérations militaires, dans ses fonctions politiques à l'UDF et jusqu'à son inhumation en grandes pompes aux Invalides. Dommage que le livre ne rappelle pas que parmi les dernières volontés exprimées par le Général, il y avait celle-ci : "Je souhaite que mes cendres soient dispersées au-dessus de Diên Biên Phu, ça aurait de la gueule et ça emmerderait les deux pays". Quelques notes donnent bien les grandes dates de sa vie, mais les photos de ses distinctions militaires occupent un nombre de pages bien plus important.

Pour comprendre l'intérêt d'un tel ouvrage, lançons-nous dans un parallèle osé. Imaginez un album de photos de Bob Marley, avec son nom écrit en rouge, jaune et vert, aux couleurs de la Jamaïque, sur la couverture. Des photos du chanteur rasta sur scène, ou en train de fumer d'énormes joints entouré par ses proches, famille ou musiciens. À qui serait destiné cet album de photos ? À quelques amateurs de reggae qui le feuilleteraient, en écoutant les rythmes des disciples de Jah, noyés dans des fumées opiacées.

Bigeard, l'album souvenir donne cette même impression d'une hagiographie à destination de quelques nostalgiques, nostalgiques de l'époque où on ne devenait un vrai citoyen de la République Française qu'après la période de conscription durant laquelle on avait appris à fumer des gauloises, à boire du rouge qui tache et à couper le saucisson en tranches bien épaisses. Des nostalgiques qu'on retrouvera le plus souvent à l'extrème-droite de l'échiquier politique, à l'UMP dans la droite-populaire, ou à gauche aux côtés de Chevènement.

Certainement y a-t-il un public pour ce genre d'ouvrage, outre les personnes qui ont côtoyé et apprécié Marcel Bigeard dans sa vie professionnelle et civile. Cependant, on peine à imaginer le lecteur autrement que vociférant contre l'insécurité mais se baladant dans les bois à proximité de maisons avec un fusil de chasse chargé, réclamant toujours plus d'ordre mais pestant contre les limitations de vitesse au volant et les contrôles d'alcoolémie, ou feuilletant ce livre, un berger allemand assoupi à ses pieds, écoutant en musique de fond une compilation de Michel Sardou, Didier Barbelivien ou Daniel Guichard.

En ce qui concerne l'objet lui-même, on ne peut qu'en apprécier la qualité : papier épais et légèrement brillant, beau rendu des photos, travail soigné de restitution des noirs et blancs, typographie agréable. Simplement il eut été souhaitable, en lieu et place de citations de Bigeard vantant la virilité, le courage, l'honneur et le don de soi pour la patrie qui occupent plusieurs fois l'espace d'une page entière, de pouvoir s'informer véritablement sur sa vie. Même si la finalité de ce livre n'est pas de revenir sur les présomptions de torture en Algérie que le Général Bigeard a toujours niées, une approche plus lucide du personnage aurait certainement apporté une valeur documentaire, malheureusement absente, à cette publication. Si le parcours de Bigeard avait été expliqué à l'aune des transformations de la société française, l'intérêt du livre eut été largement accru.

 

En savoir plus :
Le site officiel de René Guitton


Laurent Coudol         
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