Récit dramatique écrit par Joan Didion dit par Fanny Ardant dans une mise en scène de Thierry Klifa.
"Cela vous arrivera à vous aussi. C’est ce que je suis venu vous dire". C’est ainsi que s'ouvre "L’année de la pensée magique", version théâtrale signée Joan Didion de son propre roman, traduite et adaptée en français par Christopher Thomson et Thierry Klifa.
Dans ce best-seller autobiographique écrit en 2006, l’auteur lève le tabou de la mort et appréhende les différentes façons de traverser cette épreuve et d’y survivre.
Joan marche sur la terrasse en bois (reproduction fidèle, on le verra à la fin, de celle de cette famille), unique décor du spectacle, et raconte. Tout commence par la mort de son mari, survenue à table à la fin d’un diner. Et soudain, tout passe du bleu au noir. Sa vie bascule à tout jamais. L’hôpital, les services sociaux, l’autopsie… De façon répétitive avec des détails presque cliniques, elle retrace ce bouleversement.
Rien ne nous est épargné et l’on suit cette femme dans sa souffrance, essayant de ne pas sombrer. D’abord dans le déni, par la pensée magique : celle qui rassemble ses forces dans une dimension certes imaginaire mais aux répercussions bien réelles, elle parviendra avec l’aide de l’écriture à renaître à la vie.
Et tandis que sa fille, longtemps hospitalisée dans le coma, la quittera à son tour, elle se retrouvera seule, démunie mais infiniment reconnaissante. Par ce regard plein d’acuité, elle réussit avec émotion mais aussi une force étonnante, à ne garder que le sel de la vie, sa fragilité et son inestimable prix.
Fanny Ardant met au service du théâtre, aux gens à qui il s’adresse, sa présence inoubliable, sa sublime langueur et la chaleur de sa voix, comme une caresse qui passe et s’enfuit. Avec une sobriété admirable et des trésors d’émotion, elle laisse dans ce monologue implacable, la trace indélébile d’une grande actrice au sommet de son art. |