Le premier roman de Charles Poitevin, Otary Club paru aux éditions Rue Fromentin, narre le voyage d'un post-adolescent immature, fumeur de joints, désagréable par bien des aspects, aux îles Fidji dans le cadre d'un programme humanitaire.
Le personnage de Charles se retrouve dans cet univers inconnu par hasard, envoyé par sa mère qui en a marre de voir ce grand escogriffe fainéanter et vivre de menus trafics dans sa ville de Caen. Le voilà mis à l'épreuve, et pourtant rien ne change dans ses habitudes. Charles se révèle un handicapé de l'empathie. Et même lorsqu'il se trouvera confronté à une affaire de détournement des fonds du programme humanitaire auquel il participe, il le déplorera mais ne saura pas comment réagir.
Le style de Charles Poitevin est direct, parfois à la limite du langage parlé. Dans ce roman, la déflagration des mots fait plus de dégâts lorsque l'anti-héros confronte sa solitude à autrui que lorsqu'il contemple la nature qui l'entoure.
Une originalité de style un peu difficile à appréhender pour le lecteur consiste en l'écriture des dialogues en majuscules. A l'heure des e-mails et des textos, ceci donne l'impression que les personnages crient en permanence.
La véritable force de ce livre repose par contre sur la description de l'incompréhension qu'un nouvel arrivant peut avoir d'une culture et du repli sur soi qui peut alors s'installer. Ce livre n'est pas un roman initiatique, mais un roman d'ambiance comme on parlerait de musique d'ambiance, mais une ambiance pesante, rythmée par rien, baignant dans la pauvreté et la bêtise, assommée par la chaleur moite. Tristes tropiques. |