Conte d'après l'oeuvre éponyme de Antoine de Saint-Exupéry, mise en scène de Aurélien Recoing, avec Benjamin Jungers, Christian Gonon, Christian Blanc et Suliane Brahim.
Un enfant dans les sables. Un mirage d'aviateur-écrivain, devenu une légende et un conte. Le Français, pour l'Avent, Noël, grandes personnes et enfants, monte "Le Petit Prince" au Studio-Théâtre, dans le Carrousel du Louvre.
Aurélien Recoing, "nouveau" de la Comédie-Française a signé une mise en scène où le jeu, la rêverie et la beauté invitent le spectateur à une songe poétique et à un voyage dans le souvenir. Les étoiles, les fleurs, les fées-fleurs, le nez d'un avion, le serpent, le renard, rien ne manque.
Le Petit Prince, c'est un jeune homme, étrangeté, pas un garçonnet, mais un jeune homme de la lune, un enfant grandi sans rouerie, un écolier qui n'a pas trouvé l'école, et que le monde n'a pas abîmé.
Benjamin Jungers fascine petits et grands par sa finesse de jeu, l'extrême délicatesse de sa démarche de funambule, sa diction de petit garçon précis et demandeur, inquiétant d'innocence intelligente. L'aviateur, "Saint-Ex", c'est Christian Gonon, comédien rare et subtil, qui capte le public en deux mots, un geste, et le tient dans sa main.
Auprès d'eux, Christian Blanc, joue tous les rôles étranges, l'allumeur de réverbères, le banquier, le vieux dandy, avec un métier à la feuille d'or. Un comédien-Maison et quelle maison !
Enfin, la belle Suliane Brahim, lys d'Orient, ajoute une pincée de phantasme et de fragilité, acceptant les couplets misanthropes ou mysogines du Petit Prince-Saint Ex avec un dédain délicat.
Ce n'est pas un spectacle pour enfants car on ne se baisse pas pour bêtifier: le Petit Prince leur tend une échelle et les émeut, les fait rire, leur sourit de se dépasser, d'écouter et d'entendre, assis auprès de leurs parents, qui doivent aussi s'y mettre. Pour cette raison, il faut y aller en famille, chaque âge en fera son miel.
La beauté et le talent aident à se remémorer et forment le souvenir. Tous ces mots, connus, reviennent et se fixent. "On ne voit bien qu'avec..."
Le Petit prince d'un monde réenchanté.