Adam Cohen, fils de Leonard Cohen, vient de faire paraître son quatrième album. Il avait bien tenté de se faire un prénom en se jetant dans des albums rock fm parfois discutables, mais sans succès. Son nouvel album Like A Man, jusque dans son titre titre clin d'oeil, montre qu'il accepte enfin cette étiquette de "fils de" et cherche désormais à s'en rendre digne. Il y a la voix, les mélodies et même un style d'écriture qui rappellent ceux de son illustre géniteur. Rencontre avec "l'homme" en question la veille de son concert au Réservoir à Paris.
Après avoir travaillé avec deux majors, Capitol et Columbia, vous êtes maintenant sur Cooking Vinyl, un label indépendant. Cela change-t-il la donne ?
Adam Cohen : C'est en effet très différent. Ma relation avec la maison de disques a vraiment changé. Auparavant, je voulais savoir ce qui se passait, comment les choses évoluaient. Aujourd'hui, je m'en fiche. Alors non seulement le business est différent, mais surtout ce qui m'apporte du plaisir a changé. Maintenant, je veux juste savoir l'endroit et le lieu où je dois être pour la promo. Le reste ne m'intéresse pas, et la maison de disque me laisse tranquille.
Vous avez sorti quatre albums dans des styles différents. Comment expliquez-vous ces changements ?
Adam Cohen : Pour mon premier disque, j'étais fier de l'écriture et des textes, mais la production ne me satisfaisait pas du tout. Ensuite, j'ai fait un disque entièrement chanté en français, parce que je souhaitais jeter l'ancre sur les rivages de la francophonie. Mais un vent terrible a soufflé. Ma relation à la francophonie ne s'est pourtant pas modifiée. Puis j'ai formé un groupe de rock.
C'était une expérience que je voulais avoir depuis longtemps. Ça donne une énergie et un feeling incroyables que seuls les chanteurs qui ont joué avec un groupe de rock peuvent comprendre. J'ai donc goûté à des saveurs différentes. Cela m'a pris du temps pour comprendre ce que j'aimais et là où je voulais aller. Aujourd'hui, j'ai limpression d'avoir grandi. Pour ce disque, j'ai acquis un courage et une sagesse qui me manquaient auparavant.
En terme d'écriture, avez-vous travaillé différemment selon les périodes ?
Adam Cohen : Non. L'écriture est toujours la même. Je suis seul, je prends mon temps, je soigne mes textes. Je ne suis pas prolifique du tout, mais un jour je me retrouve avec dix chansons qui ont une connexion entre elles. Alors, je me décide à faire à l'album.
Il y a de nombreux prénoms féminins sur ce disque. S'agit-il de personnes précises ?
Adam Cohen : Oui. Je n'invente rien. La femme a toujours inspiré les hommes et ça continuera comme cela. Je suis les traces de celui qui me précède. Il y aura toujours des choses nouvelles à dire à propos de l'amour. Je ne suis qu'une petite voix au milieu d'un océan dans lequel chaque poisson parle d'amour.
Pourtant à l'écoute du disque, votre vision de l'amour semble désabusée.
Adam Cohen : Ces chansons ne sont que le reflet d'états à travers lesquels je suis passé lors de certaines relations amoureuses. J'essaie de raconter fidèlement ce que j'ai pu ressentir.
Alors pourquoi tomber encore amoureux ?
Adam Cohen : Je ne suis pas philosophe, je suis simplement auteur-compositeur. J'ai une réalité qui est celle de Monsieur Tout-le-monde. Je vis l'aventure amoureuse au jour le jour. Mes chansons sont le fruit de constatations. Je n'ai pas d'explications.
Sur tout cet album, on sent la présence de votre père. Il y a le style, la voix, mais aussi des références dans les textes. Est-ce un hommage à votre père, ou une manière de vous affirmer par rapport à lui ?
Adam Cohen : C'est d'abord une célébration de l'oeuvre de mon père. C'est aussi faire partie d'une tradition, montrer d'où je viens. J'essaie de me montrer digne de cette tradition et de l'honorer.
Dans la chanson "Beautiful", vous chantez "So long Shakespeare, so long Mary Ann ". C'est un clin d'oeil ?
Adam Cohen : Oui, il y en a beaucoup d'autres cachés tout au long des textes. C'est comme un jeu de piste.
Quelle est la place de votre mère dans de cet album ?
Adam Cohen : On est tous le fruit d'une union. Je partage beaucoup de la sensibilité de mon père, mais aussi de ma mère. Je suis un produit des deux.
On retrouve dans les textes certaines images qui ont trait à la religion. La religion a-t-elle joué un rôle dans votre écriture ?
Adam Cohen : Non, la religion n'a pas influencé mon écriture. Dans le langage, ces termes sont porteurs d'un imaginaire mystique. Ce sont des termes que j'utilise essentiellement pour l'image qu'ils véhiculent. Ces mots sont là pour éveiller l'attention de l'auditeur.
Dans votre dernier clip, on voit une photo de votre père et de votre fils ensemble. Que souhaiteriez-vous transmettre à votre fils que votre père vous a jadis enseigné ?
Adam Cohen : Je sais que mon fils écoutera mes disques comme j'ai pu me plonger dans ceux de mon père. Je souhaite que, même s'il n'aime pas mes chansons, il soit forcé de reconnaître que c'est bien fait, que j'y ai mis du coeur. Je préfèrerais qu'il ne devienne pas musicien, mais je sais aussi que je ne pourrai pas le contrôler. Alors j'aimerais lui enseigner à se conduire au quotidien avec une certaine élégance, une certaine éloquence. Mais surtout j'aimerais aussi l'aider à acquérir les différentes formes de sensibilité que mes parents ont pu me transmettre.
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