Sous le nom impossible d'Oneohtrix Point Never, le new-yorkais Daniel Lopatin publie depuis 2005 une musique ambient faite de collages et de drones, de nappes de synthétiseurs vintages et d'apesanteurs bidouillées.
S'il y a quelque chose de résolument geek dans l'approche, il y a aussi, et certainement surtout, une vraie culture musicale de ce genre mineur dont les grands noms seraient Eno, Fripp, Reich, Richter, Loscil, Biosphere... Loin du seul délire arty autistique, que l'on mépriserait à bon droit, la musique, hautement expérimentale, d'Oneohtrix Point Never exigera donc de l'auditeur qu'il accepte de lâcher prise, pour se laisser couler au fond d'une démarche sonore qui, sans en avoir l'air, est certainement plus authentiquement psychédélique que la moyenne des descendants de Prunes Électriques et autres Flamands Roses.
Car il est certain, en ces sentes impossibles, que l'âme ne saurait faire autre chose que voyager, totalement privée de l'appui d'un rythme, d'une mélodie, simplement bercée par l'abstraction d'une musique faite de sonorités concrètes arrachées à leur milieu naturel. En effet, pour son sixième album, Replica, Oneohtrix Point Never accomplit un véritable travail de recyclage des atomes d'une culture publicitaire et télévisuelle revenue des 80's, s'appuyant principalement sur tout un fatras de micro-samples de fragments de réclames surannés, rendus méconnaissables et assemblés en boucles abstraites. Et de l'empilement naît la beauté, inattendue, méditative, inouïe, au sens le plus propre du terme. |