Concert de Lewis Furey avec Clara Furey, Gaël Lane Lépine et Pierre-Philippe (Pilou) Côté.
Souvent on associe le nom de Lewis Furey à celui de sa compagne Carole Laure. Plus qu’à travers ses chansons, celui-ci a acquis sa notoriété auprès du grand public français d’abord en raison sa relation avec une des actrices phare du cinéma hexagonal des années 70/80.
Pourtant Lewis Furey est un artiste qui a plusieurs cordes à son arc. Chanteur et compositeur, il est aussi réalisateur. Il a d’ailleurs mis sa femme en scène sur grand écran dans une comédie musicale "Night Magic", dont le livret et la musique étaient écrits en collaboration avec Léonard Cohen.
Ce n’est que la seconde fois en trois décennies que Lewis Furey remonte sur scène. Dans la petite salle du Rond-Point, aux fauteuils qui grincent, il amène son univers dans le spectacle "Selected songs Recital". Sans que ce récital soit vraiment un Best Of, il se balade à travers les diverses périodes de sa carrière comme chanteur, mais aussi comme compositeur. En perfectionniste, à la veille même de la première, Lewis Furey n’avait pas encore arrêté le choix des chansons. Quoiqu’il en soit, ses musiciens soutiennent touts ses compositions avec beaucoup de délicatesse et une complicité évidente.
Dans une ambiance intimiste et détendue, le pianiste Gaël Lane Lépine, Pierre-Philippe Côté dit "Pilou" à la guitare ou à la contrebasse et sa fille Clara Furey aux claviers et cordes l’accompagnent avec autant d’efficacité que d’élégance.
La musique de Lewis Furey est nourrie à la pop, au rock psychédélique mais surtout au classique et à la comédie musicale américaine. La texture des morceaux, souvent, n’est pas sans rappeler Kurt Weill ou Gershwin.
Sophistiquée et cultivée, cette musique est gorgée de ruptures de rythmes et de fausses disharmonies. Ecrites avec précision et chantées essentiellement en anglais, ces chansons d’amour sont empreintes de lyrisme et de spiritualité, voire d’un mysticisme qui parfois les fait vaciller vers un romantisme gothique ou même des bizarreries guère rencontrées que dans "The Transformed Man" de William Shatner ou "Hamlet" de Johnny Hallyday.
Mais l’ensemble du spectacle se déroule dans la bonne humeur, sans prétention, avec parfois une pointe d’ironie modeste. Furey en changeant d’instrument, un peu perdu dans l’ordre des chansons, cite Cocteau "Devant ces faits qui nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs". Parmi sa sélection de chansons, on trouvera des titres de ses débuts comme "Louise" ou "Lullaby", des titres de "Night Magic" écrits avec Leonard Cohen, des extraits de son adaptation d’ "Antoine et Cléopatre" ou encore des lieds de Brahms traduits en anglais.
Au cours du récital, plutôt que de laisser les spectateurs se disperser durant un entracte, il laisse le piano à sa fille Clara. Clara, aux longs cheveux sombres, à la silhouette et au charme qui rappellent Carole Laure, interprétera trois poèmes soufis mis en musique par ses soins. Le premier morceau, au piano, accompagnée par "Pilou" qui souligne les notes du clavier de sons électroniques, est un pur joyau qui amène de la respiration au cœur du récital de Lewis Furey dont on regrettera quand même un choix de chansons presqu’exclusivement jouées forte.
Au retour de Lewis Furey, qui ne cache pas sa fierté de père devant le talent de sa fille, on se rend compte à quel point le public est invité avec simplicité et sans façon au sein de cette famille. Carole Laure, discrètement présente au fond de la salle, filme l’intégralité de la prestation de sa fille. Celle-ci, après sa prestation, s’assied à un angle de la scène dans l’ombre pendant que son père interprète quelques titres en solo. Pour finir ce tour de chant, Lewis Furey interprètera une chanson country, écrite pour sa femme à la fin des années 80, extraite de l’album "Western Shadows".
Pendant deux heures, l’artiste montréalais aux multiples talents aura fait voyager en toute simplicité le public parisien dans le temps, mais surtout dans son univers romantique, baroque, spirituel et toujours chaleureux. |