Montage de textes de Natahlie Sarraute dits par Martine Pascal dans une mise en scène de Michel Ouimet.
Une voix, un texte, un pupitre, un comédien. La recette minimaliste, économique et sobre, connait un grand succès auprès de théâtres qui ne prennent plus de risques. Ce n'est pas le cas de l'Atalante. Ce théâtre est un vrai théâtre.
Juste après un Marivaux endiablé qui a triomphé par ses qualités insolentes, ce "seul en scène" ne pouvait être porté que par une comédienne exceptionnelle, Martine Pascal, de la dynastie Casadesus, et un récit ardent, celui de Nathalie Sarraute.
Une femme revient sur son passé dans le clair-obscur d'une vie dont les meilleurs fruits sont tombés. Qui est-elle ? D'où viennent ses angoisses ? Une mère allusive et distante, un divorce naturellement destructeur d'enfance, une double origine, slave et gauloise, une émotivité paralysante, voici donc un enfant voué à l'écriture, à ses tortures et à ses baumes.
Une voix obsédante, celle de la mère - Gisèle Casadesus, dont Martine Pascale est la fille - interrompt les pensées tournées vers l'évocation, les redresse, les renverse, les bouleverse.
La mise en scène austère de Michel Ouimet - du nom de famille de l'énigmatique madame Georges Simenon - concourt à isoler et à intérioriser la comédienne, seule dans sa nuit.
Martine Pascal ne joue pas l'émotion car l'émotion se joue d'elle : elle la ballotte, la terrasse, la déchire. Le péril est extrême et la fragilité consentie très émouvante. La distance abolie, la femme se penche près du gouffre de l'enfance. Sa mère est au fond, elle l'appelle pour être rejointe, mais l'écho, bientôt, ne renvoie plus rien.
L'enfance est écrite, la femme est sauvée. La comédienne, enfin apaisée, salue et disparaît. |