One man show écrit et interprété par Frédérick Sigrist dans une mise en scène de
Bertrand Constant.
Le spectacle de Frédérick Sigrist, "2012, Manuel de survie dans l'isoloir", ne tient pas les promesses de son titre, et c'est tant mieux. En effet, il y a tellement de sujets dont on peut rire qui ne sont pas candidats à la présidentiels.
Alors qu'on s'attend à une revue de presse et un dégommage en règle des différents représentants des partis engagés dans la course au titre de Président de la République Française en 2012, Frédérick Sigrist se lance dans une revue de l'actualité de toute l'année 2011.
Il traite à sa sauce la plupart des sujets qui ont fait les manchettes des journaux, l'environnement, le sport, les faits divers et bien entendu les sujets politiques. Et la sauce est relevée. Puisque son spectacle traite de l'actualité, les acteurs économiques de la crise européenne en prennent bien entendu aussi pour leur grade.
Mais plus qu'une revue d'actualité, il décortique avec beaucoup d'acuité la forme sous laquelle les nouvelles sont amenées à la connaissance du public, le rythme, les éléments de langage. Son spectacle, construit à partir de titres lus dans la presse ou entendus à la radio, font se collusionner des évènements qu'on n'avait pas vraiment rapprochés l'un de l'autre dans la marche effrénée de l'actualité.
Dans un format stand up, il parvient à créer la connivence nécessaire avec le public pour dynamiser son show. Frédérick Sigrist est un grand type un peu fort qui va volontiers se moquer de son physique pour ensuite caricaturer ses sujets : Sarkozy bien sûr, mais aussi les Le Pen père et fille, Mélenchon ou Aubry.
Lorsqu'il imite De Villepin, il le présente comme le seul homme politique qui estime que ses sms devraient être publiés dans la Pléiade. Il a le sens de la formule qui fait mal : "Mario Draghi, le nouveau président de la Banque centrale européenne, Mario Monti, le président désigné du conseil italien, et Lucas Papadémos, le nouveau premier ministre grec, sont tous d'anciens cadres de Goldman Sachs, la banque d'affaires américaine qui a aidé la Grèce à manipuler ses comptes pour rejoindre la zone euro.
Nommer ces personnes-là à ces postes-là, c'est comme nommer Marc Dutroux directeur d'une maternelle." ou "Mes tomates viennent d'Espagne, mes oranges du Maroc, mon melon du Chili...et moi, je n'ai plus les moyens de prendre l'avion. La mondialisation est d'abord un grand progrès pour le droit au voyage des fruits et légumes."
Certes sur deux heures de spectacles, il y a quelques facilités et quelques longueurs, mais l'ensemble est vraiment drôle. Derrière la facilité de façade, le travail est évident. D'abord il y a le travail de chroniqueur de l'actualité mais aussi une force pour enchaîner les sujets avec aisance tout en intégrant des nouvelles fraîches du jour.
Frédérick Sigrist a décidé, en accord avec le Funambule de travailler au chapeau, c'est à dire que l'entrée est de l'ordre de quelques euros symboliques, mais qu'il demande aux personnes qui ont aimé le spectacle de payer ce qu'ils estiment juste, en fonction des moyens de chacun, à la sortie du théâtre. Il vaut donc mieux penser à prendre de la monnaie, car il serait étonnant que vous ne riiez pas du tout pendant ce spectacle. |