Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce El ano de Ricardo
Théâtre du Rond-Point  (Paris)  janvier 2012

Spectacle conçu et interprété par Angélica Liddell avec Gumersindo Puche.

Les festivaliers chics du Festival "On" d'Avignon, aiment être bousculés et marcher de temps en temps dans la fange trash.

En 2010, l'espagnole Angélica Liddell leur a donné du grain à moudre avec un volet de sa trilogie "Actes de résistance contre la mort", "El ano de Ricardo" écrit en 2005, qui, pour rester dans le ton de ce spectacle-performance, les a saisi bien fort par les couilles pour leur cracher au visage toute l'horreur du monde.

C'est maintenant au tour des spectateurs du Théâtre du Rond-Point de se confronter à la question ontologique du mal telle qu'elle est dispensée de manière volontairement obscène, au sens premier du terme, intransigeante et sans marquises littéraires, par cette comédienne formée au Conservatoire d’art dramatique de Madrid qui adopte un angle d'attaque frontal sans concession aucune.

Concevant le corps comme de la boue et le sien "comme un territoire de résistance, de conflit...traversé par la violence", ce qui implique de jouer en s'affranchissant de toute norme quelle qu'elle soit, elle endosse le masque du personnage historique de Richard III d'Angleterre, tel qu'il a été particulièrement représenté, et sans doute diabolisé, par Shakespeare, comme figure symbolique de "la pourriture humaine à laquelle nous participons et dont nous sommes tous complices".

Dans une chambre capitonnée de ballots de paille allusifs et parsemée de reliques et d'ex-voto signifiants, chambre de réclusion volontaire ou de contention imposée, sous l’œil d'un serviteur-officiant muet portant le nom du conseiller du roi Richard III, Catesby interprété par Gumersindo Puche, le visage émacié passé au blanc avec des orbites charbonneuses, face blafarde de la mort, un psychotique frénétique et convulsif en pyjama chinois se tord de douleur et délivre un oratorio malestromique sur la bestialité de l'homme qui a définitivement perdu sa part d'humanité.

Cette créature asexuée est celle de l'oppresseur, du barbare, du monstre, du tyran, du mal absolu tel qu'il est véhiculé notamment par l'utérus fécond de la démocratie aveugle qui porte au pouvoir des fous et/ou des malades (voir l'essai du journaliste et écrivain Pierre Accoce et du docteur Pierre Rentchnick, "Ces malades qui nous gouvernent" paru en 1988), la tyrannie du pouvoir mais mais aussi de la pensée dominante et bien pensante.

Angélica Lidell ramène le corps à ce qu'il est de manière organiciste quand ila perdu sa lumière : un horrible morceau de chair, une matière biologique qui suinte, bave , rote, pête, éructe, injurie et se consume de l'intérieur.

Crise, catharsis, exorcisme accompagné d'une musique de parade de cirque, de "La Marseillaise" et du "Requiem pour la reine Mary de Purcell qui ponctue l'interminable liste des atrocités commises par l'homme au fil des siècles et plus particulièrement du 20ème. Plusieurs lectures sont possibles, de celle du bouffon, le fou bossu, dont le numéro de clown permet de dire le politiquement incorrect jusqu'à la nausée, à celle de l'artiste expiatoire au sens du corps christique

En la forme, ce spectacle ressortit de l'art performatif qui a pour leviers essentiels la provocation et la transgression et passe par la souffrance physique du corps de l'acteur dans une démarche similaire à celle des intervenants de l'art corporel né au début des années 70. Avec sa logorrhée textuelle vomitive, Antonin Artaud et Thomas Bernhard ne sont pas loin.

Au Rond Point dans la petite salle Jean Tardieu, le spectacle est déflagratoire, éprouvant et peut-être salutaire. Le spectateur est secoué, anéanti, saisi, sans savoir dans un premier temps si c'est par le fond ou la forme, ou autre chose, de plus insidieux et dérangeant, l'image que lui renvoie son miroir intérieur.

Pour ceux qui ont tenu le choc, Angelica Lidell sera, fin mars, sur la scène du Théâtre National de l'Odéon non plus en solo mais avec une de ses pièces "La Casa de la fuerza".

 

MM         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

Un peu de soleil, des oiseaux qui chantent, le calme avant la tempête olympique. En attendant, cultivons-nous plutôt que de sauter dans la Seine. Pensez à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.

Du côté de la musique :

"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch
"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard
et toujours :
"Le carnajazz des animaux" de Dal Sasso Big Band"
"Deep in denial" de Down To The Wire
"Eden beach club" de Laurent Bardainne & Tigre d'Eau Douce
"Ailleurs" de Lucie Folch
"Ultrasound" de Palace
quelques clips en vrac : Pales, Sweet Needles, Soviet Suprem, Mazingo
"Songez" de Sophie Cantier
"Bella faccia" de Terestesa
"Session de rattrapage #5", 26eme épisode de notre podcast Le Morceau Cach

Au théâtre

les nouveautés :
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
"Music hall Colette" au Théâtre Tristan Bernard
"Pauline & Carton" au Théâtre La Scala
"Rebota rebota y en tu cara explota" au Théâtre de la Bastille
"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
zt toujours :
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

et toujours :
"L'innondation" de Igor Miniaev
"Laissez-moi" de Maxime Rappaz
"Le jeu de la Reine" de Karim Ainouz
"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle
"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
et toujours :
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
"L'absence selon Camille" de Benjamin Fogel
"Sub Pop, des losers à la conquête du monde" de Jonathan Lopez
"Au nord de la frontière" de R.J. Ellory
"Anna 0" de Matthew Blake
"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=