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Je Vais Au Silence  (03H50)  octobre 2010

Que sont devenus les "chantres du murmure" qui composaient, il y a quinze ans, l’ex Nouvelle Chanson Française ? Emergée dans le sillage de Dominique A – dont La Fossette ressort opportunément ces jours-ci – cette mouvance réunissait des gens divers, qui connurent, cela va de soi, des fortunes variées. Certains ont crevé l’écran – Katerine, Miossec – d’autres plus ou moins disparu (l’excellente Natacha Tertone, le duo Perio, les Superflu dont on est sans nouvelles). La plupart restent cependant actifs et continuent à sortir des disques, luttant contre l’indifférence des médias – mais bénéficiant d’une ferveur non démentie, de la part des gens qui les découvrirent à l’époque.

Evidemment, cette "nouvelle scène" n’avait rien d’homogène et n’existait que dans un fantasme journalistique, quelque part entre Inrockuptibles, Magic ou Bernard Lenoir. Cela dit, on peut quand même affirmer qu’un label comme Lithium, qui servit de rampe de lancement à plusieurs artistes importants, a été essentiel. Les disques qui survivent à cette épopée "indé" prouvent qu’au-delà de leurs singularités, ces artistes avaient en commun une certaine idée de l’intégrité, où minimalisme formel – mixant chanson et héritage new-wave – rimait avec richesse d’inspiration, sans que l’exigence nuise à l’émotion.

Parmi tous les albums parus à l’époque, il en est un qui n’a jamais quitté nos platines : La Soupe à La Grimace, publié en 1997 par Bertrand Betsch. Alors que La Mémoire Neuve (LE succès public du label) a été plus ou moins renié par son auteur Dominique A – le disque, effectivement, vieillit mal – le coup d’essai de Betsch s’est bonifié, et apparaît avec le recul comme un coup de maître. La faillite du label et la non-réédition du CD lui ont valu, depuis, un petit culte : c’est typiquement le disque qu’on offre aux intimes – ceux à qui l’on veut du bien – pour leur faire partager un beau secret.

Si Bertrand Betsch n’a jamais fait mieux que ce premier album… il n’a jamais fait moins bien non plus : sa discographie, malgré les difficultés et changements de labels, est resté d’une qualité égale, connaissant des évolutions à défaut de révolutions, et des succès d’estime faute de ventes importantes. Malgré un frémissement tubesque en 2004 (avec le single radio "Pas De Bras, Pas De Chocolat"), il n’a jamais touché le grand public. Sa musique n’est pourtant pas rebutante : depuis 2007 et La Chaleur Humaine, son écriture s’est adoucie, moins torturée que par le passé – simplifiant la forme sans renier le fond, pour atteindre une forme de classicisme classieux. Même si les textes gardent un ton mélancolique inaltérable, ses disques regorgent de mélodies aisées à fredonner – bien plus, par exemple, que ceux des Miossec ou Dominique A, dont les chansons moins évidentes se vendent paradoxalement mieux. Las, cette ouverture n’a pas suffi, et les disques de Bertrand Betsch demeurent donc l’apanage d’un cercle de happy few.

L’an passé, reprenant sa carrière en main après rupture avec un label, l’artiste a sorti son premier album numérique : vendu à partir de 5€, il s’intitule Je Vais Au Silence et compile une douzaine de morceaux écrits depuis quinze ans, non utilisés sur les disques officiels. Malgré les apparences, ces titres ne sont absolument pas des rogatons : les longs intervalles entre albums ont laissé le temps à BB de peaufiner son "back catalogue", et les chansons pas encore entendues sont souvent aussi bonnes – voire meilleures ! – que celles déjà publiées.

Je Vais Au Silence offre le privilège d’entendre l’artiste solo : en prise directe avec l’âme, sans les habituels intermédiaires musiciens. Même s’il s’agit d’enregistrements domestiques, il n’est pas question ici de démos au son crachotant, mais de réalisations abouties sur lesquelles Betsch joue tous les instruments. La simplicité n’exclut pas les arrangements : discrets, ceux-ci sont néanmoins diversifiés et ne se résument pas à l’éternel accompagnement guitare-voix.

On l’a dit : Bertrand Betsch donne depuis quelques temps l’impression de s’être ouvert au monde. Si la gaieté n’est pas son fort, du moins sa mélancolie est-elle moins pesante que par le passé, d’autant plus facile à appréhender que ses créations deviennent toujours plus évidentes. "Ne Sachant Pas", qui ouvre le disque, pose ce paradoxe fondateur : sur un tapis de guitares moelleuses, Betsch déroule sa litanie de défauts ("je suis creux, je suis taiseux, insuffisant, je suis manquant" etc.) avant de clamer sa mue de vilain petit canard touché par la grâce : "Mais moi je porte le feu de Dieu !", finissant sur des guitares électriques carillonnantes du plus bel effet, qui emportent le morceau.

Sur cette opposition aigre-douce, changeant le propos désabusé en ritournelle, on trouve aussi "La Transparence" : le narrateur regrette de n’avoir su échapper à la foule, exprime le mal-être de l’individu incapable de descendre "du train en marche vers les lieux communs"… Mais le rythme entraînant et les chorus joyeux soignent ce blues, et il finit par assumer sa position, affirmant n’être "pas chose à vendre" et ne plus vouloir "se faire avoir" par le "tribunal du regard". L’enrobage pop rend la neurasthénie souriante et permet d’aller de l’avant, d’affirmer son refus du monde sur un rythme allègre et dansant.

Dans le même genre "la musique adoucit les mœurs", mais plus dérangeant : "Berceuse Pour un Bébé Mort" actualise un thème déjà abordé dans La Chaleur Humaine – plus précisément sa chanson "Ce Ventre-Là", qui brodait sur une paternité fictive entre joie (à l’idée d’avoir un enfant) et souffrance (à l’idée qu’il lui ressemble). Ici, la mort d’un môme est envisagée sur un mode ambigu, à mi-chemin entre tendresse et… fait divers ! On ne sait pas si c’est le narrateur qui a tué le bébé. On ne sait pas non plus si c’est un enfant qu’il s’agit d’endormir à coups de berceuse, ou bien lui-même (BB = bébé) regrettant son enfance morte. Malgré cette indécision potentiellement cynique, la mélodie d’une grande douceur fait passer le texte comme une lettre à la poste… si bien qu’on se sent presque coupable d’y prendre plaisir – comme jadis pour sa "Complainte du Psycho-Killer", dont la forme efficace faisait accepter le propos extrêmement noir. Ici, le grinçant est rendu supportable par la simplicité de la voix, qui n’en fait pas trop, ne sombre pas dans le Grand Guignol. Comme souvent, Betsch réussit un mélange rare entre gêne et plaisir. Il gratte là où ça fait mal pour aider à nous sentir mieux, évoque avec légèreté un thème difficile (qui, mal traité, aurait pu devenir une obscène "chanson de société" à la Linda Lemay).

Creusant ce sujet, il chante également "Philippe", complainte à "toi l’enfant mort, qui bouge encore". Là, on ne moufte plus : alors que la berceuse était d’une grande douceur, cette nouvelle chanson est tendue, sur un mode hypersensible qui interdit tout ricanement. Une fois encore, on ne sait si l’auteur pleure sa propre enfance ou un vrai bébé décédé. (A titre personnel, le titre nous rappelle un livre de Camille Laurens portant le même nom, qui évoquait son enfant mort quelques heures après la naissance). Mais quelle qu’en soit l’inspiration initiale, cette chanson est salutaire : elle invite à dépasser la douleur, tourner la page et se réconcilier avec soi-même, "il faut s’en aller maintenant, rabattons le drap". Là encore, la mélodie évidente permet au morceau d’atteindre l’auditeur en plein cœur, le déranger en profondeur. Au final, c’est sans doute l’une des plus belles réussites de son auteur, toutes périodes confondues.

Sur un mode plus léger, "Le Grand Chapiteau" est une petite sucrerie qui redonne le moral : ce sentiment amoureux, exprimé naïvement ("Tu m’as juste regardé et ça m’a rendu beau"), résiste au ridicule grâce à la mélodie entêtante et à la foi du chanteur, qui semble jeter son cœur dans ses mots, sans pour autant en faire des tonnes. Le texte file la métaphore du titre ("on hisse la grand voile, direction les étoiles"), avant de glisser quelques notes sexuelles qui, traitées avec délicatesse, ne ruinent pas l’édifice mais le parachèvent avec doigté.

"Les Amoureux" évoque aussi ce thème du bonheur, mais vu de l’extérieur : dans une observation proche des "Bancs Publics" de Brassens (le ridicule des gens grisés d’amour), Betsch dresse la liste de promesses des amants tout nouveaux tout beaux, qu’ils ne tiendront évidemment pas, rattrapés au vol par la réalité… Mais comme Brassens qui, avant la fin, prenait le parti des tourtereaux contre la "sainte famille machin", Betsch, après avoir pointé du doigt l’illusion propre aux romances… finit par s’inclure dans le lot de "nous les amoureux".

Dans le genre "sentiment universel porté en chanson", BB chante aussi ces moments "Quand Le Passé Remonte", où l’on hésite entre souvenir mal digéré et nostalgie à venir… La solution est donnée à la fin, légère et enlevée : "chante chante et danse danse", montrant à quel point il s’est débarrassé de ses angoisses d’antan. Plus loin, il prend le contre-pied de Dominique A en affirmant "Rien ne sera plus comme avant". Mais là encore, au-delà du spleen de voir changer les choses (notamment "le sourire des petits"), il invite à jouir du temps qui passe – la douce mélancolie donnant une épaisseur supplémentaire aux plaisirs du présent, avant qu’ils ne deviennent des joies passées.

L’album s’achève sur un sommet paradoxal : la chanson-titre "Je Vais au Silence" semble évoquer à la fois son extinction de voix (survenue en 1997 et ayant occasionné sa "mue" artistique) et, au sens figuré, le drame de l’artiste privé de label. Exprimé sur fond de synthé minimaliste, d’un ton détaché qui semble dénué de toute colère, son "Adieu" final a des vertus cathartiques : loin de fermer sa  gueule, BB a ensuite décidé de se secouer, créant son propre label et sortant ce disque dans la foulée. Vendu 5€ sur son site, il lui a permis de financer la distribution de son cinquième album matériel, Le Temps Qu’il Faut (dont on reparlera dans quelques jours). Pour autant, Je Vais Au Silence ne doit pas être considéré comme une simple parenthèse : malgré la compilation de morceaux écrits à des périodes très diverses, il ne fait pas le yo-yo entre des esthétiques différentes. L’enregistrement solo garantit la cohésion, et l’on serait bien en peine de dire quelle chanson est la plus ancienne. C’est donc une création à part entière, qui doit être envisagée comme un véritable album – et qui rivalise en qualité avec ce qu’on aimait déjà chez lui, auparavant.

Pour compléter l’achat – et graver un beau CD plein jusqu’à la gueule – on peut aussi se procurer, sur son site, un petit joyau : six inédits datant des sessions de La Soupe à la Grimace, retrouvés, remasterisés et enfin présentés au public. Là encore, on n’a pas le sentiment d’écouter des vieilleries, mais des diamants que le temps n’a pas terni, et qui tiennent admirablement la route face à leurs prédécesseurs. On se demande pourquoi Lithium a délaissé ces titres à l’époque : hormis "La Confiture", comptine entraînante mais un peu anecdotique, tout le reste est d’un niveau d’écriture et (surtout) de composition qui tutoie les cimes. "L’appel de la Forêt" ou "Les Jours Sans" sont des classiques instantanés, rivalisant sans peine avec les "Passer Sous le Métro" ou "L’Ouverture des Miroirs" d’antan. Surtout, la confrontation des inédits entre eux permet de faire un point (temporaire) sur l’évolution de Bertrand Betsch : la "littérarité" du premier album, textes remplis de chausse-trappes et formules un brin tarabiscotées, a été remplacée par une écriture qui va à l’essentiel et touche plus profondément. Musicalement, il a aussi perdu en luxuriance mélodique ce qu’il a gagné en sobriété : aux orchestrations un peu trop "yann-tierseniennes" du premier disque (sur lequel travailla Christian Quermalet, ceci explique sans doute cela), il oppose aujourd’hui des arrangements simples, baissant d’un ton le lyrisme au profit d’une émotion moins apprêtée – mais bien réelle.

Quoi qu’il en soit : malgré ces variations au fil des ans, l’inspiration reste cent coudées au-dessus de la "Nouvelle Chanson Française" actuelle. Dans une récente interview à Télérama, Vincent Delerm récusait son statut de chef d’école et citait en exemple des gens plus doués mais moins reconnus comme Florent Marchet, Julien Baer… ou Bertrand Betsch, donc. Le compliment n’était pas usurpé, et on aimerait bien que l’hyper-célébré Dominique A fasse de même… En attendant que les rôles s’inversent et que les derniers deviennent les premiers (on peut toujours rêver), l’auditeur bien inspiré se consolera en suivant les aventures de B/B/ : outre un nouvel album paru il y a trois mois (Le Temps Qu’il Faut), il vient d’offrir un single en téléchargement ("Au Top"), et de lancer une souscription visant à produire un futur LP (La Nuit Nous Appartient, sur le site KissKissBankBank)… Bref, pour paraphraser ses derniers morceaux : "l’avenir est devant" et malgré les avanies, Bertrand Betsch "avance encore"… On en reparlera.

 

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