Comédies dramatiques d'Alfred de Musset et de Jean-Marie Besset, mise en scène Jean-Marie Besset, avec Blanche Leleu, Adrien Melin et Chloé Olivères.
Jean-Marie Besset a eu l’idée originale de réunir deux textes traitant du mariage : le premier, "Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée" fait partie des comédies de Musset. Le second, écrit par lui-même, "Je ne veux pas me marier" se passe aujourd’hui.
Joués à la suite et avec le même comédien dans les deux époques, ils dessinent un portrait des rapports amoureux à travers les siècles et démontrent l’influence de la femme dans le couple.
Un après-midi d’orage, le comte rend visite à la marquise qui reçoit dans son salon, où elle trompe l’ennui en faisant défiler les images de sa lanterne magique. L’homme lui fait quelques compliments mais contre toute attente, celle-ci remet le charmeur à sa place et fustige le comportement des séducteurs. Jusqu’à ce que celui-ci sorte de ses gonds, amoureux qu’il est de la belle, et lui déclare sa flamme.
Dans "Je ne veux pas me marier", presque deux-cent ans après, Vivien jeune professeur de mathématiques restée seule chez elle à préparer le plan de table du mariage, voit débarquer son futur époux, censé être en virée pour enterrer sa vie de garçon. Encore une fois, les explications seront au rendez-vous, le mariage remis en cause et les remontrances assorties d’une vision affirmée de la jeune femme finiront par remettre Tigrane, le jeune loup de la finance, sur les bons rails.
Car que ce soit au temps de Musset ou aujourd’hui, en amour ce sont bel et bien les femmes qui mènent le bal.
Jean-Marie Besset a réussi un spectacle fin et léger, comme le badinage qui met en parallèle les deux aristocrates et le jeune couple bourgeois moderne. "Il faut/Je ne veux pas" montre d’abord la grande modernité de l’écriture d’Alfred de Musset qui prenait déjà en 1845 de belles libertés avec les mœurs de l’époque. L’auteur Jean-Marie Besset y adjoint une fantaisie moderne, à l’humour omniprésent, qui résonne d’un bel écho avec celui du poète du dix-neuvième, tous deux ayant en commun la même finesse et la même ironie.
Les comédiens sont tous les trois très convaincants : Blanche Leleu compose une marquise sûre de ses attraits et forte mais touchée au coeur par la déclaration du comte. Elle manifeste une belle présence. Chloé Olivères est une Vivien pleine d’allant et de tempérament et témoigne d’une belle variété de jeu, tout en ruptures et en spontanéité. Parfait en costume d’époque ou en costume trois-pièces, Adrien Melin est aussi crédible dans les deux périodes et réussit là une belle performance. Il est tantôt drôle ou poignant mais toujours subtil.
La mise en scène est toute aussi soignée (remarquablement éclairée par Martine André, mettant en évidence la belle scénographie de Gérard Espinosa). Jean-Marie Besset s’amuse même à mélanger les deux époques en un délicieux fondu, lors du changement à vue entre les deux parties qui voit les deux femmes se croiser et pendant quelques instants, sembler se reconnaitre…
Une petite merveille de spectacle à la délicatesse absolue. |