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Stefano Savona  (janvier 2012) 

Réalisé par Stefano Savona. France/Italie. Documentaire. 1h31. (Sortie 25 janvier 2012).

C’est un projet aussi inouï que les événements qu’il décrit. C’est une entreprise unique et dont l’aboutissement sous forme de film paraissait une gageure : Stefano Savona était Place Tahrir au Caire, entre le 29 janvier et le 12 février 2011, lendemain de la Chute du Raïs égyptien.

Il était là ces jours décisifs pendant lesquels les Cairotes ont vu vaciller des décennies d’une dictature complètement impuissante devant leur détermination.

Et quand on dit que Stefano Savona était présent, cela signifie qu’il était en plein cœur de l’événement, au beau milieu de cette nuée impressionnante de manifestants, de cette foule innombrable qui rassemblait ce peuple retrouvé qu’on pensait éternellement introuvable et incapable de se lever pour exprimer sa colère.

Et Savona n’était pas sur le toit d’un immeuble dominant la Place. Il ne faisait pas œuvre de journaliste télé, jouant à couvrir l’événement en rejouant toujours la même partition déjà vue et entendue à Belgrade, Kaboul, New York, Moscou ou le Kremlin-Bicêtre.

Non, il témoignait, caméra au poing, emmagasinant des heures d’images et fixant à jamais les visages sereins, malgré leur étonnement et leur incrédulité, de ces gens qui, tout à coup, étaient en train de comprendre qu’ils vivaient enfin des heures historiques. Stefano Savona saisit sans cesse ce frisson qui devait les parcourir et sa caméra presque médusée va de ci de là au gré des rumeurs, des bruits et des silences, des brouhahas et des chants, des slogans scandés jusqu’à s’en saouler de bonheur.

Parfois, on perçoit un mouvement de foule, un reflux, des gens qui se replient couverts de sang ou exprimant leur surprise désemparée après avoir subi des tirs sporadiques de snipers ou avoir évité ce qui ressemblait à une charge policière.

Savona filme cette foule attendant sans attendre, prête à s’enflammer mais miraculeusement sereine. À aucun instant, on n’a le sentiment que tout aurait pu dégénérer. Les Égyptiens sont là, tous là, et on les devine de toutes les obédiences, de toutes les classes sociales, archaïques ou modernes, religieux ou athées. Visiblement jamais inquiets d’être filmés.

La prouesse de Savona, c’est sa constance à ne pas chercher des images spectaculaires. Il filme ce qui se passe sous ses yeux, il ne provoque pas l’événement et ses images ne sont pourtant pas répétitives. Il butine l’image d’une "Révolution" en train de trouver sa forme.

Travaille-t-il pour l’Histoire ? Il n’a peut-être même pas cette ambition. Ses images sont simplement en train de collecter ce que son montage va construire. Et l’on n’a pas besoin d’être très féru en montage pour comprendre que Savona ne va pas vraiment découper les séquences fixées par sa caméra. Il ne sera ni question de briller, ni de manipuler par des effets de styles.

Son montage, on le sent, on le vit autant que son filmage et c’est donc une double opération auquel participe le spectateur. D’un côté, il accepte sans jamais se lasser cette succession d’images qui pourraient paraître répétitives à la longue ; de l’autre, il a conscience que son regard est, pour une fois, actif et que ce qui le nourrit dépasse le simple spectacle.

"Tahrir, place de la Libération” annonce que le couple Histoire-Cinéma s’est réveillé au 21ème siècle : il y aura encore des événement historiques, et, à l’ère du numérique triomphant, les cinéastes munis de leurs DV, pourront les filmer.

Double bonne nouvelle pour ceux qui iront voir “Place Tahir”: l’Histoire reprend sa marche et le cinéma n’est pas encore mort !

 

Philippe Person         
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