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Alexander Payne  (janvier 2012) 

Réalisé par Alexander Payne. Etats-Unis. Comédie dramatique. 1h50. (Sortie 25 janvier 2012). Avec George Clooney, Shailene Woodley, Amara Miller et Robert Forster.

Et si l’on devenait soudain exigeant en matière de cinéma américain ?

On décréterait que les champions du divertissement infantilisant (Tim Burton, les Frères Coen, Steven Spielberg), les maîtres et les élèves du cinéma de l’effet (Martin Scorsese, Daron Aronofsky, Gus Van Sant), les disciples de John Huston (Clint Eastwood, James Gray, Sam Mendès), les gros bras du blockbuster ambitieux (James Cameron, David Fincher, Bryan Singer) et les pseudo-arty (Jim Jarmusch, Sofia Coppola) ne sont pas à la hauteur de leur réputation d’auteur.

On compterait alors sur une seule main ceux qui tentent autre chose : Jude Apatow, Kelly Reichardt, Wes Anderson... et Alexander Payne, dont le quatrième film, "The Descendants", est vraiment une œuvre originale.

Située dans le seul État américain hors continent américain, Hawaï, elle n’hésite pas à le montrer sous toutes les coutures, à faire des pauses "touristiques" qui donnent au spectateur un sentiment étrange : ce bout lointain des États-Unis n’est pas tout à fait les États-Unis et Payne ne se prive pas de peupler son récit d’habitants en surpoids, pour la plupart asiatiques et métisses. En chemises hawaïennes et en shorts, les personnages n’ont pas la plastique idéalisée dans la majorité des films étasuniens.

Autre étrangeté, Payne raconte une histoire traitant de l’euthanasie sans évoquer un seul instant la question religieuse. Pas un prêtre, pas même un "God Bless You", pas une discussion sur Dieu qui va accueillir ou pas l’âme de la future débranchée.

Pire encore, on vient engueuler la morte vivante, infidèle, menée par le bout du nez par un bellâtre et qui s’intéressait peu à ses enfants, la première se droguant, la seconde s’empiffrant. Outrage suprême au bon goût nord-américain : le cocu s’appelle George Clooney et il faut que ça soit sa fille dévergondée qui lui révèle ses cornes pour que l’icône amateur de café en capsules, ici ravi d’Hawaï, s’aperçoive de sa mauvaise fortune.

Alexander Payne ne respecte donc rien sous des airs nonchalants hawaïens et surtout pas Mr Cloney qu’on voit courir avec ses petites jambes grêles de courtaud pas si barraqué que ça et qui fait désormais bien ses cinquante piges.

Payne a même l’outrecuidance de se servir à fond de ses deux ou trois malheureuses expressions - oui, désolé d’effondrer le mythe : Clooney, c’est un rictus et deux gros yeux qui font semblant d’être intense, pas un nouveau Cary Grant. Mais, avec "The Descendants", Payne lui donne l’occasion d’être oscarisable et, ne le cachons pas, Clooney médiocre acteur propulsé mieux que passable dans une œuvre émouvante, mélodramatique dans le meilleur sens de ce terme dévalorisant, vaut mille fois mieux que notre grimacier national, le Dujardin de "The Autist" - pardon de "The Artist" !

"The Descendants", qui parle d’un sujet très ambitieux, la transmission d’une terre et d’une culture, a une modestie rare pour un grand film : il ne dit jamais qu’il est un grand film. On peut passer à côté de tout ce qu’il charrie, comme cette description magnifique de cette famille de colons qui possède un gros bout d’Hawaï et ne pense qu’à transformer des endroits sublimes en golfs ou marinas pour milliardaires.

Anticolonialiste, pourfendeur des valeurs familiales, agnostique, le film de Payne est vraiment un ovni par son sujet et son idéologie.

Et puis si, comme on l’a déjà dit, il réfute toute référence au christianisme, il se permet pourtant d’être un authentique film chrétien : pardon, compassion, amour des autres, tout le programme de Jésus est au rendez-vous, sans clercs ni prédicateurs. Là encore, une vraie audace !

Pas la peine d’en rajouter : Payne signe une œuvre majeure.

Comme toutes les œuvres majeures, il faudra forcément un peu de temps pour que l’évidence apparaisse à tous. On envierait presque ceux qui ne comprendront pas l’intérêt de "The Descendants" car, le jour où ils le découvriront, ils ne pourront qu’aimer davantage ce film hors des sentiers balisés du cinéma commercial.

 

Philippe Person         
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