Comédie dramatique écrite et mise en scène par Diastème, avec Andréa Brusque et Julien Honoré.
Diastème, dont on connaît les talents de romancier et de scénariste, installe ici son couple sur deux simples chaises et le regarde évoluer.
Autant dire qu’il prend tous les risques et nombreux avant lui se sont ramassés. En l’occurrence, le seul à se ramasser (au propre comme au figuré), c’est le personnage masculin dans ce côte à côte plus que face à face.
Ils se sont aimés, s’aiment-ils encore ? Et lequel plus que l’autre ? Beaucoup de choses se jouent dans des silences tour à tour complices, gênés, tendres ou déserts.
Avec des dialogues léchés comme à l’habitude, ce couple de metteur en scène - comédienne aligne quelques phrases faussement banales et puis en arrive une, fulgurante, qui éclaire soudain toutes les précédentes.
Diastème c’est ça : l’art de l’esquive rotative. Il offre ici à ses deux interprètes, en nous surprenant à de multiples reprises par un flashback ou une pirouette, une partition de choix et un bel espace de jeu sublimement éclairé par Stéphane Baquet.
Eux ce sont Andréa Brusque, sensationnelle déjà dans la reprise de "La nuit du thermomètre" du même Diastème mise en scène par Damien Bricoteaux, elle n’en finit pas de nous éblouir depuis et montre dans "Une scène" tout l’étendu de son art, passant du rire aux larmes avec une variété de jeu magnifique. Et vive, sincère et vibrante, nous régale de son talent.
Julien Honoré qu’on découvre avec bonheur est touchant dans sa fausse désinvolture désarmante. Il compose avec élégance un personnage maniant constamment le charme et l’autodérision.
Ce couple loin et proche à la fois, on ne sait pourquoi, nous touche infiniment. Une nouvelle fois, l’auteur de "L’amour de l’art" son avant-dernière pièce ou "Le bruit des gens autour" au cinéma nous livre une belle variation sur l’amour et le théâtre, et l’amour du théâtre, dans un duo rythmé et intense dont l’apparente légèreté ne fait que masquer la délicate déchirure.
Une petite merveille. |