Nous partîmes à deux, et par un prompt renfort, nous nous vîmes tout plein arrivant au Fil. Enfin presque ! Il faisait froid, l’air sentait la neige fraîche et le vent charriait à toute haleine des paillettes de givre scintillant de mille feux dans les cercles lumineux des réverbères. Un temps à filer au chaud, avec "un gilet et douze tricots sur la tête", dirait ma mémé.
Fort peu de spectateurs (restés dehors ? Emerveillés par les ressentis de température frisant le millésime Guiness-1985 ?) pour les quatre d’jeuns de Doorsfall. A grand renfort de tatouages et de guitares dégoulinantes de trucs qui bavent dans tous les coins, ils tiennent la première partie popement-rocky vôtre. Certains apprécient, j’oserai dire que j’ai passé l’âge de vibrer pour votre colère teintée de mélancoliques fuck-the-world. Mais… Mais… Mais…
Dans leur playlist se glisse "Cry me a river" soulevant un débat sur mon comptoir : Justin Timberlake ou Justin Bieber ? Les deux ! Et pas moins de 50 autres chanteurs ! Depuis Dinah Washington (rendons à Dinah ce qui est à Dinah) en passant par les jazzy Ella Fitzgerald et Sam Cooke ! Doorsfall aurait-il les dessous blues ? A suivre !
La suite ? La suite ! La suite ! La suite !
Pheobe Killdeer & The Short Straws. Encore une brune flottante entre jazz, blues et slow rock des années 50, 60, 70… Miam miam aux oreilles. Avec une ambiance western, une voix blues à s’en couper une (je parlais des oreilles, bande de pervers !), un souffle inépuisable et un rythme insoutenable au commun des mortels. Et c’est ce qui fait la différence entre Phoebe Killder et les autres.
Pour la petite histoire, Phoebe Killdeer est entrée dans le paysage musical par la Nouvelle Vague, un premier album en 2008, et revient parmi nos tympans avec Innerquake, entourée des Short Straws (une bande de musicos qui ont trouvé une voix magnifique à leurs instruments… Bravo les gars, elle vous a bien trouvés aussi !).
Côté instruments, elle a la classe la petite, avec un méga triple hochet-maracas pour des percussions sablonneuses. Et ses trois potos des Short Straws (guitare truc batterie et percu-bidule) participent grandement bien au "climat menaçant du cinéma de David Lynch" donnant un "show en forme d’envoûtement, à vous faire hurler à la lune des vapeurs de souffre et de whisky".
Le reste ? Bah, entre délire psychédélique, swing et sensualité, Phoebe Killdeer livre un concert sans fioritures, sans miettes ni superflu, juste ce qu’il faut où il faut comme il faut.
La foule présente a-t-elle conscience que la présence de Phoebe Killdeer tient plus probablement d’une panne de GPS ou d’un coup du sort ? A se demander ce que la brûlante australienne fiche dans un Saint-Etienne glacial… On s’en tape ! On a eu de la chance ce soir là, on reviendra goûter la prochaine fois.
|