Comédie de Emmanuelle Pireyre, mise en scène de Myriam Marzouki, avec Johanna Korthals Altes, Stanislas Stanic, Pierre-Félix Gravière et Charline Grand.
L'architecture et l'urbanisme sont les miroirs d'une certaine évolution de la société. Lorsque Le Corbusier, au sortir de la seconde guerre mondiale, crée la Cité Radieuse, il y installe une terrasse où les habitants peuvent se retrouver, des commerces, des services publics...
Le texte d'Emmanuelle Pireyre, "Laissez-nous juste le temps de vous détruire", mis en scène par Myriam Marzouki, commence dans les années 2000. La société est devenue individualiste, la maison individuelle en périphérie de plus en plus lointaine des villes devient le rêve ultime, le symbole du bonheur individuel.
Or en une dizaine d'années, le ressenti des Français face au quotidien est devenu de plus en plus anxiogène, et la préoccupation de l'environnement apparaît entre prise de conscience, nécessité personnelle et économique et effet de mode.
À partir de différents matériaux, d'études, de statistiques, de forums internet, de récits, Emmanuelle Pireyre et Myriam Marzouki parviennent non seulement à dresser un état des lieux, à donner une image sociologique, mais aussi à traiter ce problème sous l'angle du divertissement.
C'est en pointant les expériences individuelles, souvent vaines, parfois extrêmes, de mettre en harmonie ses convictions et son habitat qu'Emmanuelle Pireyre et Myriam Marzouki font le constat d'un besoin politique face à ces questions.
La force de la mise en scène de Myriam Marzouki provient de sa capacité à mettre côte à côte les différentes formes du propos que défend Emmanuelle Pireyre dans son texte. On passe donc d'une forme de reportage à une comédie hilarante.
Il convient d'ajouter que la scénographie est particulièrement originale et vivante. Quant aux quatre acteurs, Johanna Korthals Altes, Stanislas Stanic, Pierre-Félix Gravière et Charline Grand, ils passent aisément d'un registre sérieux à une forme débridée de comédie.
Cette pièce est une complète réussite entre théâtre de divertissement et préoccupations contemporaines. |